Inverser l'image des musulmans dans le monde, tel est le défi que se proposent de relever les dirigeants des 57 pays membres de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) lors de leur sommet extraordinaire, jeudi et vendredi à la Mecque. L'image de l'islam est, en effet, ternie par le terrorisme islamiste qui a déferlé ces dix dernières années, sans toutefois prendre racine comme cela avait été le cas dans l'Afghanistan des Taliban. Mieux encore, les régimes qui ont fait de l'islam leur raison d'être ont dû se résoudre à lâcher du lest sinon à jeter le gant, comme le Soudan de Tourabi et les rares pouvoirs, qui ont gardé la religion comme seul fondement, pataugent dans d'inextricables difficultés, à l'instar des états islamistes de la fédération du Nigeria. Pour le pays hôte, qui sait de quoi sont capables les islamistes radicaux, qu'il combat sans merci après en avoir propager l'idéologie et couvert l'activisme partout où se trouve une communauté musulmane, le but du sommet est de “redorer” l'image de l'islam ternie par des attentats terroristes commis en son nom. La Déclaration de la Mecque propose aux membres de l'OCI une stratégie de lutte, commune et consensuelle, contre l'extrémisme islamiste et entièrement fondée sur la promotion d'un islam “modéré” et “éclairé”. Un second document sera présenté pour moderniser l'organisation panislamique, dont le nom devrait être changé lors du sommet pour devenir l'Organisation des pays islamiques (OPI). Selon l'OCI, le monde islamique se doit impérativement de relever les défis qui se posent aux sociétés musulmanes en ce début du XXIe siècle. Les défis concernent trois domaines : politique et médiatique, économique, scientifique et technologique, ainsi que la pensée et la culture islamiques. Tirant leçon du tremblement de terre du Pakistan, l'OCI devra également créer un fonds pour les catastrophes et les questions humanitaires dans le monde islamique. Fondée en 1969, l'OCI fait face cependant à une crise financière, plusieurs pays membres n'ayant pas versé leurs cotisations. Or, ni l'Arabie saoudite ni la Turquie, qui souhaitent donner un élan à son rôle politique, économique et culturel, ne semblent disposer à continuer de payer la facture. D. Bouatta