Les activités de la zone portuaire d'Alger ont connu des perturbations, hier matin. Près de 10 000 salariés des douanes d'Alger-Port, de l'Epal (port), de la Cnan, des services consignataires de la filiale Nashco et de l'Entmv, étaient à l'arrêt pour une demi-journée de protestation organisée par la Coordination syndicale de l'UGTA. Sur place, les commentaires allaient bon train sur le gel des “opérations d'embarquement et de débarquement” des produits et de l'annulation des visites sur le terrain des agents des douanes. “Aucune marchandise n'a quitté le port d'Alger”, disait-on. Des travailleurs rencontrés n'ont pas manqué d'afficher leur amertume devant “la volonté de faire taire le monde du travail” et les “interférences du politique”, mettant dos à dos les gouvernants et la Centrale syndicale UGTA. “On nous dit que Sidi-Saïd n'a pas les mains libres. Je lui dis de commencer par nettoyer autour de lui, de réintégrer Badaoui et de rester fidèle à la mémoire de ceux qui sont morts pour avoir défendu les ports et l'Algérie”, a déclaré un docker. D'après lui, les salariés des ports, toute entreprise confondue, sont “mahgourine”. Du côté de la Cnan, syndicalistes et travailleurs sont opposés à la vente des navires, parce qu'ils la perçoivent comme une menace contre l'emploi. “La demi-journée de protestation n'est qu'une mise en garde”, a révélé une femme syndicaliste, en rappelant la plate-forme de revendications des syndicats exerçant au port, transmise aux pouvoirs publics et à la Centrale syndicale UGTA depuis 2 mois. “Nous avons aussi besoin de la solidarité syndicale et nous sommes solidaires avec Badaoui et le syndicaliste du tourisme qui vient d'être suspendu pour les mêmes motifs”, dit-elle encore. Vers 10h30, un avocat, accompagné d'un huissier de justice, s'est présenté au siège de la direction régionale des douanes, à Tafourah. Sa mission était, selon les contestataires, de certifier “l'illégalité” de la demi-journée de protestation. Des douaniers abordés ont fait part de “pressions” et “menaces” exercées sur les travailleurs, pas seulement à Alger, mais aussi dans d'autres wilayas, en particulier à la direction générale, à Arzew, à Batna et à Tamanrasset. D'aucuns ont même évité de trop s'afficher devant les journalistes, craignant des représailles. “Je ne suis avec personne. Je suis avec ma fiche de paie et contre la hogra”, a indiqué l'un d'eux. D'autres agents ont informé que l'inspecteur divisionnaire par intérim de Batna a convoqué, hier, ses agents “individuellement”, pour les persuader à retirer leur confiance au SG du syndicat national, Ahmed Badaoui. Dans un communiqué remis à notre correspondant, le syndicat de Batna a signalé que le règlement des problèmes socioprofessionnels doit s'inscrire “dans le cadre du dialogue et de la concertation entre l'administration et les instances syndicales”. Hier, devant le bâtiment de la direction régionale des douanes, des transitaires étaient partagés sur le mouvement de protestation. “Les transitaires ont toujours été ignorés par tout le monde”, a témoigné l'un d'eux, notant que le gel des activités le pénalise. D'autres transitaires lui ont vite rappelé les “pressions” qu'ils subissaient au niveau du service informatique des douanes, citant “le manque de micros dans la salle de saisie et les défaillances du réseau informatique Sigad”. “Nous sommes avec le droit et nous sommes solidaires avec la protestation des douaniers”, a soutenu un jeune transitaire. Lors d'un point de presse, la Coordination syndicale a révélé que la demi-journée de protestation a été massivement suivie au port d'Alger : 100% pour les douanes, 80% à l'Entmv, 100% à la Cnan et Nashco et 100% à l'Epal. Des sections syndicales des douanes auraient accompagné ce mouvement, à Arzew (80%), Mostaganem (70%), Boumerdès (100%), Aïn Taya (85%) et El-Kala (100%). D'autres actions sont prévues prochainement. Mais à présent, les syndicalistes réclament le départ de Sid-Ali Lebib des douanes et Djenouhat de l'UGTA. Communiqué des douanes L'évaluation opérée ce jour, 5 décembre 2005, a fait ressortir que le mouvement de grève, prévu à l'appel du Syndicat national des douanes, n'a pas été suivi par le personnel douanier, et ce, sur l'ensemble du territoire national. Taux de suivi 0%. Hafida Ameyar