À 180 jours de son coup d'envoi, la Coupe du monde 2006 de football en Allemagne a désormais un visage, avec quelques angles saillants comme son groupe C, déjà surnommé “groupe de la mort”, ses affiches séduisantes comme Suède-Angleterre et ses retrouvailles croustillantes. Après bien des spéculations et discussions, le tirage au sort de la 18e phase finale de la Coupe du monde, qui aura lieu du 9 juin au 9 juillet, a donné naissance, vendredi, à un tableau harmonieux, voire “équilibré”, comme l'a qualifié Franz Beckenbauer, président du comité d'organisation et double vainqueur de la Coupe du monde (1974 comme joueur, 1990 comme sélectionneur). Les sélectionneurs de l'Argentine, la Côte d'Ivoire, la Serbie-Monténégro et les Pays-Bas, versés tous les quatre dans le groupe C, ne doivent toutefois pas partager son avis. Le groupe C est, sans conteste, le groupe le plus difficile du tableau : l'Argentine, double championne du monde en 1978 et en 1986, rencontrera les Pays-Bas à Francfort (centre-ouest) le 21 juin pour ce qui est sans nul doute l'affiche du 1er tour et pour les Néerlandais une revanche de la finale perdue 3-1 en 1978 à Buenos Aires. Les “Oranje” de Marco Van Basten, éternels favoris de la Coupe du monde, finalistes malheureux en 1974 et 1978 contre les pays organisateurs, demi-finalistes en 1998 mais absents en 2002, affronteront également l'épouvantail Serbie-Monténégro, vainqueur de son groupe de qualification devant l'Espagne, l'une des têtes de série. Et Marco Van Basten a aussitôt mesuré l'ampleur de la tâche : “Nous devrons être concentrés dès le début, sinon nous aurons des problèmes. Le titre mondial est notre objectif, mais notre équipe est encore jeune et inexpérimentée. Peut-être que pour nous, ce Mondial arrive encore un peu tôt. Nous devrons donner le maximum.” Dernière équipe de ce groupe C, la Côte d'Ivoire de Didier Drogba voudrait bien réserver pour sa première participation à une phase finale une surprise de taille comme le Sénégal qui, au détriment de la France, championne du monde en titre piteusement éliminée, avait atteint les quarts de finale du Mondial 2002. Autre groupe qui s'annonce disputé et indécis, le F avec le Brésil, quintuple vainqueur de la Coupe du monde et tenant du titre, qui affrontera la Croatie, l'Australie, de retour après une longue éclipse, et surtout le Japon, puissance montante entraînée par la Brésilien Zico, comme en atteste sa participation aux 8es de finale du Mondial 2002. Si la “Selegao” devait s'imposer, elle tomberait rapidement sur un os, soit l'Italie, soit la République tchèque, équipes, a priori, les plus fortes du groupe E. Encore faut-il qu'elles se défassent du Ghana et des Etats-Unis qui ne sont pas spécialement des équipes faciles à aborder. Le tirage au sort s'est montré, en revanche, clément pour le pays hôte, l'Allemagne, qui, pour sa deuxième Coupe du monde à domicile après celle de 1974, qu'elle avait remportée, rencontrera le Costa Rica, la Pologne et l'Equateur. “Il n'y aura aucune excuse à une élimination dans un tel groupe”, a aussitôt sermonné Gunter Netzer, champion d'Europe allemand en 1972. C'est, d'ailleurs, la “Mannschaft” qui donnera le coup d'envoi du tournoi contre le Costa Rica, éliminé au 1er tour en 2002, à Munich (sud) le 9 juin. Les “bonnes fées” de la cérémonie, le Brésilien Pelé, le Néerlandais Johan Cruyff, le Camerounais Roger Milla ou encore l'Allemand Lothar Mattaeus ont également réservé de croustillantes retrouvailles. Dans le groupe B, l'Angleterre, entraînée par le Suédois Sven-Goran Eriksson, affrontera... la Suède, comme au Mondial 2002. Les deux équipes s'étaient alors sorties d'un “groupe de la mort”. Le Paraguay ainsi que Trinité-et-Tobago ne semblent pas de taille à résister aux deux grosses cylindrées européennes. La France, vainqueur de la Coupe du monde 1998 sur son sol, retrouvera dans le groupe G une Suisse qu'elle fréquente assidûment depuis plusieurs saisons et qui lui avait donné un mal de chien à l'Euro-2004 et lors des qualifications au Mondial 2006. Et cela n'avait guère l'air d'enchanter le sélectionneur français Raymond Domenech, qui aurait souhaité instaurer une nouvelle règle “permettant de ne pas rencontrer une équipe déjà affrontée en qualifications”. “On n'est pas encore sorti de ce groupe”, s'est-il inquiété. Autres retrouvailles symboliques et marquées par le sceau de l'histoire, l'Angola, pour sa première participation, retrouve son ancienne puissance tutélaire, le Portugal, dans le cadre du groupe D, tandis que le Togo rencontrera la France dans le groupe G et que Trinité-et-Tobago, ancienne colonie britannique, est tombé sur l'Angleterre (groupe B). Enfin, l'Espagne, qui pourrait être privée de ses stars Raul et Xavi, va affronter dans le groupe H la Tunisie, qui fait figure de meilleure équipe africaine, l'Ukraine d'Andreï Shevchenko et l'Arabie Saoudite.