À en croire la propagande électorale, l'Irak se transformera, après les législatives du 15 décembre, en un pays stable et prospère, et les Irakiens seront maîtres de leur destin et vivront sous la protection d'un Etat fort. Les nombreux candidats proposent monts et merveilles dans une campagne agressive qui connaît de nombreux dérapages, sans réellement passionner un électorat blasé et confronté à la dure réalité de la violence quotidienne. La sécurité fait l'unanimité parmi les candidats, avec l'amélioration des conditions de vie. Tout le monde propose de prendre à bras-le-corps ce problème qui entrave tout progrès du pays vers la stabilité et la relance de l'économie. “Un Irakien pour tous les Irakiens”, dit un slogan électoral de la liste de l'ancien Premier ministre, le chiite laïc, Iyad Allaoui. “Un homme qui incarne les aspirations des Irakiens : une vie digne dans un Etat fort et sécurisé, des frontières aux frontières, avec une économie prospère.” C'est en gros ce à quoi s'engagent tous les candidats avec quelques variantes. Le Premier ministre sortant, le chiite conservateur Ibrahim Jaâfari, se présente également en “homme fort” mais “probe”, pour marquer sa différence avec l'administration précédente de M. Allaoui, souvent accusée de corruption. Dans une brochure élaborée par une ONG locale, l'Alliance civile pour des élections libres, les 35 partis du pays s'accordent sur la nécessité de la sécurité et de l'amélioration des services publics et des conditions de vie. Elles divergent lorsqu'il s'agit du retrait des forces étrangères et de la campagne de débaâssification, avec les lignes de fracture suivant les positions des sunnites, des chiites et des Kurdes. Personne ou presque ne précise de quelle manière il va établir la sécurité et relancer l'économie, mais le vice-Premier ministre, un temps très proche de Washington, Ahmed Chalabi, a imaginé une solution consistant à partager les revenus du pétrole entre tous les Irakiens. “Chacun va se réveiller avec un baril de pétrole déposé devant sa maison”, ironise un Irakien qui ne voit pas comment on peut tenir une telle promesse. Contrairement à celle des élections du 30 janvier, la campagne est très active et fait le bonheur des imprimeurs et autres fabricants de matériaux de propagande. Les murs de Bagdad sont littéralement couverts d'affiches de tout genre et certaines s'attaquent de manière diffamatoire à des candidats.