RESUME : Keltoum est surprise de découvrir que Nawel n'éprouve aucune peine en apprenant la mort de son beau-père. Hamid vient quelques jours après. Nawel a eu le temps de se remettre de son opération. Hamid tient à rentrer chez lui, refusant de laisser sa famille longtemps seule. Nawel n'en a aucune envie mais elle le suit. Elle le sent changé. Nawel pleure quand elle quitte sa famille pour rentrer chez elle. Elle aurait voulu rester plus longtemps mais Hamid s'est quelque peu durci depuis la mort brusque de son père. Sa mère Keltoum l'aurait aussi accompagnée si sa belle-famille ne vivait pas avec eux. Elle ne voulait pas les voir. Toutefois, elle lui demande de revenir quand ils le pourront. - Prends bien soin de toi, lui dit-elle. Et du bébé. Keltoum ne prononce pas son prénom. Tout comme Nawel, elle aurait voulu qu'il porte n'importe quel prénom sauf celui de son défunt grand-père. Elles se séparent en pleurs. Nawel appréhende son retour. Elle sait que les choses doivent avoir changé pour sa belle-famille. Sa belle-mère Farida doit être plus irritable que jamais. La jeune mère est vraiment inquiète. Durant tout le trajet, Hamid lui parle à peine. Elle ne le reconnaît presque pas. Elle ignore s'il a vraiment changé ou si c'est un tour de son imagination. Enfin, elle l'espère. Quand ils descendent du taxi, Hamid lui prend le bébé des bras ainsi que le sac contenant ses affaires. Nawel prend le reste, non sans ressentir un pincement au cœur (en lui laissant les affaires). Elle le suit dans la cage d'escalier. Il monte rapidement les marches si bien qu'elle ne parvient pas à le suivre. Lorsqu'elle parvient à leur étage, il est déjà à l'intérieur de leur appartement. Elle ne comprend pas ce qui arrive à son mari. Son comportement l'inquiète plus que jamais. Le cœur serré, elle entre et trouve toute sa belle-famille au salon entourant Hamid et leur fils. Tous feignent de ne pas la voir. Elle est, cependant, touchée par les mots doux que chacun prononce quand il se penche sur le bébé. Hamid se tourne le premier vers elle. Elle lit dans son regard qu'il attend un geste conciliateur de sa part. Même si elle avait espéré un accueil plus chaleureux, elle consent à faire le geste qu'il attendait d'elle. - Bonjour, dit-elle, en s'approchant de sa belle-mère. Je te présente mes condoléances. Nawel voudrait l'embrasser sur la joue mais Farida, sans un regard pour elle, tourne la tête. Nawel se redresse et refoule sa brusque envie de pleurer. Elle s'adresse à ses beaux-frères et belles-sœurs. - Votre frère est là, il sera comme un père pour vous, leur dit-elle. Vous aurez tout ce que vous voulez. - Vraiment ? rétorque Farida. S'il s'en tenait à ce qu'on voulait, je peux te jurer que tu ne serais pas ici ! Nawel ne lui répond pas, refusant de se quereller avec elle. Elle a envie de prendre son bébé mais comme il se trouve dans ses bras, elle se retient. Elle prend ses affaires et va dans sa chambre. Elle se repose un peu, sachant que sa belle-mère allait vite se lasser du bébé. Sauf si elle s'efforce à ne rien laisser paraître uniquement pour la contrarier. Hamid ne tarde pas à la rejoindre, sans leur fils. - Où est Boualem ? demande-t-elle. - Avec maman. - Il a besoin de se changer, dit-elle. - Elle est en train de le faire, lui apprend-il. Est ce qu'il a un biberon ? - Un biberon ? reprend Nawel. Pourquoi faire ? - Elle voudrait lui en préparer un. - Je lui donne à téter dès qu'il est changé, dit-elle. Il n'aime pas la tétine. Il n'a pas l'habitude du biberon. Elle est soulagée de ne pas avoir mis le biberon dans le sac de son bébé. Elle l'avait gardé dans le sien. Pourvu qu'il n'ait pas idée d'y jeter un coup d'œil. (À suivre) A. K. [email protected]