Les chefs de la minorité démocrate du Congrès américain ont tiré à boulets rouges lundi sur la politique étrangère et économique du président Bush, l'accusant de manquer de crédibilité et de créer de l'anxiété dans la nation. Le leader de la minorité démocrate du Sénat, Tom Daschle et son homologue à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, se sont livrés ensemble à une attaque en règle de l'action présidentielle, à la veille du discours sur l'état de l'Union que doit prononcer George W. Bush mardi au Congrès. Ce discours annuel est l'occation pour le président américain de présenter à la nation ses grandes orientations politiques et ses programmes pour la nouvelle année. “La nation est aujourd'hui anxieuse”, a lancé M. Daschle (Dakota du Sud), devant le Club de la presse de Washington, estimant que “les Américains entendent de la Maison-Blanche des messages mitigés sur tous les sujets, l'économie, l'Irak ou la Corée du Nord”. “Les menaces combinées de guerre, de terrorisme et de récession rendent les Américains incertains quant à leur avenir et à la direction que prend notre pays”, a martelé Tom Daschle. “Le président parle bien, mais il traduit peu de ses paroles en actes, et c'est ce qui s'appelle un manque de crédibilité”, a-t-il lancé. Concernant l'Irak, Tom Daschle a mis au défi M. Bush de montrer les preuves que l'Irak possède des armes de destruction massive. “Si nous avons des preuves que l'Irak a des armes nucléaires et biologiques, pourquoi ne pas les montrer au monde, comme l'avait fait le président Kennedy au moment de la crise des missiles de Cuba ?”, a-t-il insisté. “Au moment où nous venons à peine de commencer une guerre contre le terrorisme, le peuple américain est en droit de savoir pourquoi nous devrions envoyer au combat des centaines de milliers de troupes, dépenser des milliards de dollars, compromettre nos alliances internationales et provoquer nos adversaires”, a martelé le sénateur du Dakota du Sud. “Dans une démocratie il est essentiel que le président fasse tout son possible pour répondre à ces questions et dissiper les doutes grandissants parmi les Américains”, a-t-il encore dit. Attaquant sur le front économique, le point faible de M. Bush à deux ans de la présidentielle de 2004, Nancy Pelosi (Californie) a été très sévère sur ses deux premières années à la Maison-Blanche, alors que plusieurs sondages récents montrent que les Américains sont largement plus inquiets de la situation économique que de l'Irak. “L'an dernier dans son discours sur l'état de l'Union, le président a dit que son programme économique pouvait se résumer en un seul mot : des emplois. Malheureusement son bilan peut se résumer en une phrase, des pertes d'emplois”, a-t-elle lâché. Au total, plus de 2,3 millions de postes de travail ont disparu dans le secteur privé, ce qui constitue le pire bilan pour un président depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a affirmé Mme Pelosi, notant que le chômage, à 6%, est en hausse depuis huit ans.