L'affaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, n'étant pas encore élucidée que la Syrie est accusée d'être derrière l'attentat d'hier, qui a visé une personnalité libanaise antisyrienne. Vigoureux partisan de la création d'un tribunal international pour juger l'assassinat de Rafic Hariri, à la lumière du rapport de la commission internationale d'enquête de l'Onu sur ce crime, où la Syrie a été mise en cause, le député chrétien antisyrien, Gebrane Tuéni, également directeur du journal An Nahar, a été tué, hier, dans un attentat à la voiture piégée à Mkallés, dans la banlieue chrétienne de Beyrouth. L'explosion, qui a fait quatre morts au total, a mis le feu à plusieurs véhicules et des magasins et bâtiments environnants ont été endommagés. La Range Rover blindée de Gebrane Tuéni a été projetée dans un ravin par l'explosion, sur le passage du convoi. La police et l'armée ont bouclé le quartier tandis que les secouristes transféraient les victimes dans les hôpitaux. Le corps de Gebrane Tuéni et celui de son chauffeur, Nicolas Flouti, ont été dégagés par les secouristes. Père de quatre enfants, dont deux petites jumelles nées il y a quelques mois, Gebrane Tuéni était un des leaders de la “révolution du Cèdre” qui a succédé à l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri qui a conduit au départ des forces syriennes du Liban. Prônant sans relâche l'indépendance et la souveraineté du Liban, il était connu pour ses articles virulents contre la politique syrienne. Il était également le neveu du ministre Marwan Hamadé, qui a échappé de justesse, en octobre 2004, à un attentat. Ce dernier, actuellement ministre des Télécommunications dans le gouvernement de Siniora, a menacé de démissionner si le Conseil des ministres ne se réunit pas avant-hier soir “pour demander une enquête sous l'égide du Conseil de sécurité de l'Onu sur tous les crimes commis par la Syrie” au Liban. Réagissant à cet assassinat, le député druze libanais, Walid Joumblatt, a accusé, hier, indirectement la Syrie d'être derrière ce “meurtre”. “Le message terroriste nous est parvenu (...). Quelqu'un a menacé à la télévision de faire payer au monde entier le prix d'éventuelles sanctions contre la Syrie”, a déclaré le chef druze sur la chaîne de télévision LBC. “Les menaces ne nous font pas peur et nous continuerons notre combat pour l'indépendance du Liban et pour réclamer de faire la vérité sur l'assassinat de Rafic Hariri”, a-t-il également ajouté. Le ministre libanais de l'Information, Mehdi Dakhlallah, a déclaré que “c'est l'ingérence étrangère qui est à l'origine du chaos actuel qu'ils qualifient de chaos constructif et que j'appelle chaos destructif”. Il a cependant pris le soin de préciser que “la Syrie dénonce tous les attentats quelles que soient les victimes”, et “quelles que soient ses divergences avec telle ou telle personnalité, elle ne souscrira jamais à ces méthodes, qui sont utilisées par les nombreux ennemis du Liban”. La veille de cet attentat, le président syrien, Bachar al Assad, avait mis en garde contre des sanctions contre son pays, qui constitue, selon lui, le cœur du Proche-Orient. “Le Proche-Orient est le cœur du monde et la Syrie est le cœur du Proche-Orient et, si la situation en Syrie et en Irak n'est pas bonne, toute la région sera instable et le monde entier paiera pour cela”, a-t-il lancé en direction des détracteurs de la Syrie. K. ABDELKAMEL