Le gouvernement libanais a réclamé un tribunal international sur l'assassinat de Rafic Hariri et une enquête internationale sur la série d'attentats qui s'est abattue sur le Liban depuis une année et dont le dernier a vu la réprobation du Conseil de sécurité des Nations unies qui a condamné dans les termes les plus forts l'assassinat du député et journaliste Gebrane Tuéni perpétré près de Beyrouth. La série noire a commencé avec l'attentat à l'explosif contre l'ex-ministre des Télécommunications, Hamadé, qui a été grièvement blessé. Cette attaque contre des Libanais hostiles à la présence, puis à l'influence de la Syrie, a été suivie en février 2005 par un attentat au cœur de Beyrouth, qui a coûté la vie à Rafic Hariri et au député Fleyhane ainsi qu'à 20 autres personnes. D'autres attentats ont eu lieu les mois suivants dans lesquels ont péri l'écrivain et journaliste Kassir, en juin, et le militant communiste anti-syrien Georges Haoui, un mois plus tard. Le vice-Premier ministre Elias Mour et une journaliste vedette de la télévision privée LBC, Chidiac, ont également été blessés dans des attentats, respectivement en juillet et septembre. La liste de ces attentats dont les enquêtes pataugent comprend au moins quinze personnes ! Un seul indice : les attentats sont commis à l'explosif mais tous les regards sont dirigés sur Damas qui a pourtant quitté le Liban, sous la pression de la communauté internationale qui apporte tout son soutien aux Libanais anti-syriens dont le nombre ne cesse de gonfler. La demande d'un TPI a provoqué de nouveaux tiraillements au sein du cabinet de coalition et le Hezbollah menace de retirer ses deux ministres du jeu institutionnel. Formé le 19 juillet, le gouvernement compte également deux membres de l'autre mouvement chiite, Amal, allié du Hezbollah, ainsi qu'un cinquième agréé par les deux formations. Réclamé par les membres du gouvernement issus de la majorité parlementaire dirigée par Saad Hariri, fils du dirigeant assassiné, un tribunal international est, pour l'heure, jugé prématuré par les chiites, incontournables dans la vie politique libanaise. Emmenés par Fouad Siniora, un proche de Hariri, les autres membres du cabinet estiment, en revanche, que l'heure est venue d'installer ce tribunal pour mener les enquêtes jusqu'au bout. Damas, qui a fort à faire avec la commission onusienne sur l'assassinat de Hariri, récuse les accusations de Beyrouth et se demande si cette série noire n'a pas pour objectif de déstabiliser le pouvoir syrien. D. Bouatta