Avec l'assassinat hier du ministre de l'Industrie, Pierre Gemayel, le Liban renoue avec la série d'attentats initiée par la mort en février 2005 de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Survenant à la veille de l'anniversaire de l'indépendance du Liban, c'est le premier assassinat depuis celui qui a coûté la vie il y a près d'un an, le 12 décembre 2005, à Gebrane Tueni, journaliste et député de la majorité. Il se produit alors que le pays traverse une grave crise politique, marquée par la démission de six ministres pro-syriens, alors que le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait donner un feu vert formel à la création du tribunal international devant juger les assassins présumés de Rafic Hariri. Une commission d'enquête internationale de l'ONU avait, dans un rapport, mis en cause des responsables syriens et libanais dans l'attentat contre Rafic Hariri, alors que le Liban était sous tutelle syrienne. Hier, les partis et personnalités antisyriennes ont tous accusé Damas d'être responsable de l'assassinat de Pierre Gemayel, 34 ans. Avec la démission des 6 ministres et la mort de M. Gemayel, la survie du gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora ne tient plus qu'à un seul ministre. Le cabinet (de 24 membres) est en effet considéré comme démissionnaire en l'absence d'un tiers de ses ministres. En tout cas, les réactions se sont multipliées hier suite à l'assassinat de Pierre Gemayel. À Washington, le département d'Etat américain a qualifié d'“acte de terrorisme” l'assassinat du ministre libanais, promettant d'apporter “un soutien total au gouvernement de Fouad Siniora dans les semaines à venir”, a déclaré lors d'une conférence de presse le secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires politiques au département d'Etat, Nicholas Burns. Pour sa part, l'ambassadeur américain aux Nations unies, John Bolton, a affirmé que l'assassinat du ministre de l'Industrie libanais “démontrait la nécessité de mettre sur pied rapidement” le tribunal international pour juger les auteurs de l'assassinat de Rafic Hariri. Depuis Londres, la ministre britannique des Affaires étrangères Margaret Beckett s'est dite “consternée” par l'assassinat du ministre libanais, notant qu'il y avait “déjà assez de problèmes au Liban”. “Qui que ce soit derrière ça, c'est absolument contre l'intérêt de toute personne dans la région que les tensions se maintiennent ou s'accroissent. C'est profondément dommageable”, a-t-elle indiqué. À Moscou, la Russie a exprimé son “inquiétude”. “La reprise des assassinats politiques au Liban, après une période de calme relatif, nous inquiète énormément”, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mikhaïl Kamynine, dans un communiqué. À Paris, le président Jacques Chirac a condamné dans un communiqué “l'odieux attentat” contre Pierre Gemayel et souhaité que “ses assassins soient poursuivis et punis”. Y. S.