La cour d'Alger vient de rendre deux décisions à l'encontre de Ali Dilem prononcées par défaut. La première portant offense au chef de l'Etat à propos d'une caricature parue le 27 septembre 2003 ayant pour intitulé “boutef n'aura pas un second mandat”. Dilem a été condamné à 6 mois d'emprisonnement ferme par le tribunal de sidi m'hamed par un jugement du 26 juin 2005. La cour par arrêt par défaut a confirmé ce jugement. La seconde affaire s'agit d'une caricature intitulée “le Télétho” parue le 29 novembre 2001. cette caricature, qui a constitué la première plainte initiée par le ministère de la défense contre le journal et Ali Dilem, a abouti à un jugement condamnant le caricaturiste à 6 mois d'emprisonnement ferme. La cour, par arrêt, a infirmé ce jugement et par défaut a condamné Ali Dilem à une année de prison ferme. La même juridiction a eu à connaître, hier, une autre plainte du MDN contre l'ancien directeur du journal Abrous Outoudert et le même caricaturiste. Cette plainte porte sur une caricature intitulée “le nouveau code de conduite pour les imams” parue le 15 janvier 2002. Les deux journalistes étaient présents à cette audience au cours de laquelle l'avocat de la défense a présenté des moyens préliminaires en la forme, contestant la régularité de la poursuite tant au plan de la convocation qui ne répond pas aux énonciations essentielles liées à sa régularité, qu'aux dispositions pénales liées à la poursuite. Ali Dilem et Abrous ont été poursuivis sur la base des articles 144 bis et 144 bis 1 consacrés uniquement aux offenses contre le chef de l'Etat. Invité à expliquer sa caricature, Ali Dilem a estimé que c'est une caricature ne contenant aucune atteinte au ministère de la défense, et qu'il n'y a pas matière à le poursuivre pour sa caricature qui reprend en fait le discours politique ambiant selon lequel les prêches doivent avoir un contenu strictement religieux. Quant à Abrous, ce dernier a retracé le contexte dans lequel a été engagée cette plainte, à un moment où le ministère de la défense a entamé une série d'actions contre les journalistes. L'avocat de la défense a, quant à lui, précisé que cette caricature est un hommage rendu à la position de l'armée contre les dérives de certains prêches, que l'esprit de la loi du 26 juin 2001 et notamment l'article 87 bis 10 sanctionne toute dérive dans les prêches, notamment, ceux prononcés par des imams non nommés, agréés ou autorisés par l'Etat, et qu'il n'y a pas lieu de sanctionner une caricature qui positive une disposition de la loi ou une position politique s'inscrivant dans le respect de l'ordre républicain et des institutions légales du pays. Le verdict est attendu pour mercredi 21 décembre. R. N.