Le ministre bahreïni du Travail, Majid al-Alaoui, a estimé que la présence de près de 17 millions d'ouvriers immigrés, pour la plupart asiatiques, dans le Golfe représentait “un danger plus grave que la bombe nucléaire, voire qu'une attaque israélienne” ! Le ministre qui n'a pas été de main morte pour stigmatiser les hommes d'affaires dans les monarchies arabes du Golfe, les traitant notamment de “cupides” et leurs peuples de “paresseux”, pour avoir encouragé l'afflux massif de travailleurs. Mais il a omis de relever que le boom économique des monarchies pétrolières du Golfe, regroupées au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) composé de l'Arabie Saoudite, Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar et Emirats arabes unis, n'aurait jamais eu lieu sans cette main-d'œuvre pas trop chère et corvéable à merci. De récentes grèves de ces travailleurs à Abu-Dhabi ont montré tout le revers de l'explosion économique dans cette région du monde qui est passée sans transition du Moyen-Âge pour ainsi dire au troisième millénaire attirant toute la jet-set international. Le ministre bahreïni n'a pas manqué d'appeler ses concitoyens à un baby boom, le Golfe étant confronté à un grave déséquilibre démographique. Selon Alaoui, le nombre de travailleurs immigrés dans le Golfe atteindra près de 30 millions d'ouvriers d'ici dix ans. Il reste qu'à la suite des grèves de l'an dernier, les autorités du Golfe ont commencé à serrer la vis de l'immigration en limitant, par exemple, à six ans la possibilité de séjour de leurs immigrés. Paradoxalement, ces monarchies n'ont pas été très inquiétées ni par le BIT et la Commission onusienne des droits de l'homme ni même par les ONG internationales des droits de l'homme ! D. B.