Synthèse de Ziad Abdelhadi Epinglés et pris dans la tourmente de la crise financière mondiale et de la baisse des prix du pétrole, les marchés financiers des pays du Golfe ont connu un autre recul en cette fin de semaine : ils ont enregistré d'importantes pertes. Les plus lourdement affectées sont les deux marchés des Emirats arabes unis, Dubai et Abou Dhabi. La Bourse omanaise et les marchés saoudien et koweïtien ont également reculé, à l'exemple de la saoudienne, Tadawul All-Shares Index (Tasi) qui a terminé la semaine mercredi sur une perte de 4,8% à 4 669,05 points après l'annonce d'un budget en déficit pour la première fois depuis 2002. Le Dubai Financial Market, des Emirats arabes unis, a connu sa pire semaine en un mois, cédant en sept jours 16,9% pour clôturer jeudi à 1 587,08 points, son niveau le plus bas en quatre ans. Pour sa part, l'Abu Dhabi Securities Exchange a cédé sur la semaine 14,7% finissant jeudi à 2 281,59 points, tandis que le Kuwait Stock Exchange a fini la semaine sur des pertes de 4,5% à 8 240,70 points, au plus bas depuis mai 2008. Enfin, le Bahrain Stock Exchange a cédé 4% sur la semaine, ce qui porte ses pertes de l'année à 33,5%. Un état des lieux de leurs places financières inquiétant qui a poussé les dirigeants des monarchies du Golfe à examiner la situation lundi prochain lors de leur sommet à Mascate. Ils débattront également l'impact de la crise mondiale sur leurs économies, lequel, selon certains experts, devrait être atténué en 2009 grâce aux recettes pétrolières record engrangées ces dernières années. «Nos dirigeants vont étudier la question [de la crise financière], conscients de la nécessité d'avoir une approche commune» des moyens d'y faire face, a déclaré le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), Abderrahmane Al-Attiya. Les six membres du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar), qui contrôlent 45% des réserves mondiales de brut et 25% des réserves de gaz naturel et qui assurent le quart des approvisionnements du monde en pétrole, «disposent de quoi pouvoir surmonter la crise», a ajouté M. Attiya cette semaine dans le quotidien arabe Al-Hayat. Il a justifié son optimisme notamment par «les réserves financières cumulées ces cinq dernières années», marquées par une envolée sans précédent des prix du brut, qui ont cependant chuté brutalement ces dernières semaines à moins de 40 dollars le baril, contre 147 dollars en juillet. Selon l'Institute of International Finance (IIF), la chute des prix du pétrole est appelée à se poursuivre en 2009. La conjugaison d'une baisse des revenus avec celle de la production pétrolière décidée par l'OPEP pour ses membres, dont ceux du CCG, et le durcissement des restrictions sur les prêts bancaires sont autant de facteurs qui conduiraient à un ralentissement de la croissance économique dans les six monarchies. Conséquence directe, le taux de croissance du PIB des pays du CCG devrait tomber à 4,2% en 2009, contre 5,7% en 2008, a indiqué l'IIF dans une étude publiée début décembre. En outre, les fonds souverains des pays du CCG, estimés à 1 500 milliards de dollars à la mi-2008, «ont perdu 450 milliards de dollars sous l'effet de la crise financière mondiale, soit l'équivalent d'une année de recettes pétrolières» pour ces pays, a estimé le directeur de Deutsche Bank pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Henry Azzam. Des déficits qui ne vont pas pénaliser les programmes d'investissements des pays du Golfe. Ainsi l'Arabie saoudite, première puissance pétrolière mondiale, qui a annoncé un déficit de 17,3 milliards de dollars dans son budget 2009 après un excédent sans précédent de quelque 160 milliards de dollars en 2008, s'est engagée à continuer à financer ses grands projets de développement en puisant, entre autres, dans ses réserves, estimées à quelque 440 milliards de dollars. Soulignons enfin que, dans leur quête de l'intégration économique de leurs pays, les dirigeants du CCG vont adopter lors de leur sommet de deux jours à Mascate «l'accord sur l'unité monétaire», prévoyant le lancement en 2010 d'une monnaie unique du Golfe», a indiqué M. Attiya.