Alors que la presse britannique n'arrête pas de le fustiger pour ses concessions sur le budget de l'UE, Tony Blair est sous la menace d'un nouveau scandale. Les services de renseignement britanniques ont averti, plus de deux ans avant les attentats du 7 juillet 2005 à Londres, que des attaques terroristes étaient fortement probables dans le métro londonien, rapporte le Sunday Times. Le journal affirme que l'avertissement, contenu dans des documents des services de sécurité interne et externe du JIC, Joint Intelligence Committee, constitue la première preuve irréfutable que la Grande-Bretagne pouvait s'attendre à une attaque. Après les attentats, la presse britannique devait un moment se demander pourquoi les services n'avaient pas pressenti l'attaque terroriste d'autant que Londres figurait en tête de liste dans les pays menacés par la nébuleuse Al-Qaïda ? L'information publiée par le Sunday Times expliquerait les raisons pour lesquelles Tony Blair a écarté la semaine dernière la publication d'une enquête publique sur les attentats du 7 juillet, qui aurait pu faire ressortir les défaillances des services de renseignement et l'inaction du gouvernement dans cette affaire. Le document top secret du JIC était basé sur l'interrogatoire de Khalid Cheikh Mohammed, arrêté au Pakistan en mars 2003 pour implication dans les attaques du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis, dans l'assassinat à Islamabad de Daniel Pearl, journalistes du Wall Street Journal et dans l'attaque contre le navire de guerre américain, Cole, au Yémen, en 2000. L'affaire du JIC est relayée aux Etats-Unis par le pavé dans la mare que vient de lancer l'ancien secrétaire d'Etat de Bush, Colin Powell. Dans une interview à la chaîne britannique de télévision BBC News 24, Powell a déclaré que le gouvernement américain n'a jamais été mis au courant de doutes nourris dans le milieu du renseignement quant à la fiabilité des informations utilisées pour tenter de justifier la guerre en Irak ! Powell s'est dit d'autant plus consterné qu'il y avait des gens dans la communauté des services de renseignement qui avaient des doutes quant à certaines sources (lire encadré). Ce qui, en clair, veut dire que toutes les raisons invoquées par Washington pour envahir l'Irak sont fausses. Par ailleurs, face à la cascade de révélations sur les causes de la guerre contre l'Irak, Bush a fait son mea culpa la semaine dernière en affirmant qu'il avait pris la responsabilité d'engager la guerre en se fondant sur des renseignements dont “une grande partie se sont avérés faux”. Pour ne pas s'accabler, le président américain a assuré que ces faux renseignements étaient partagés par d'autres pays, y compris ceux ne soutenant pas son option militaire, concluant que, de toute façon, sa décision de chasser Saddam était la bonne ! D. Bouatta