Opinion Selon les commentateurs, la suspension par Blair du référendum le prémunit contre un «non» inévitable qui aurait précipité son départ. Les quotidiens britanniques approuvaient, ce mardi, la décision du Premier ministre Tony Blair de suspendre la tenue d'un référendum sur la Constitution européenne, tout en l'appelant à faire preuve de sagesse quand la Grande-Bretagne prendra la présidence de l'UE en juillet. La presse l'invite à créer un climat de compromis en acceptant une renégociation du rabais britannique au cours des discussions sur le futur budget de l'Union européenne pour la période 2007-2013. Ces commentaires interviennent au lendemain de l'annonce par le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, de la suspension de la tenue du référendum en Grande-Bretagne sur la Constitution européenne, après le rejet du traité par la France et les Pays-Bas. «Il y a, en politique, un moment pour approuver, et il est venu hier», écrit le Financial Times dans son éditorial. Mais le quotidien économique souligne que les autres dirigeants européens soutenant le texte, comme le président français Jacques Chirac, pourraient tirer profit du gel du référendum pour faire de la Grande-Bretagne un bouc émissaire. «Il serait donc sage, de la part de Tony Blair, de diminuer l'impression de ruine dans laquelle la crise constitutionnelle a plongé l'UE», conseille-t-il. Tony Blair aura l'occasion de permettre à l'UE de progresser sur le budget en acceptant la proposition du Luxembourg ? qui préside actuellement l'UE ? de geler la ristourne britannique et peut-être de la réduire, selon le journal. Un tel accord «pourrait aussi permettre à la présidence britannique de concentrer les efforts sur les nécessaires réformes économiques», ajoute-t-il. Fin mai, Londres avait menacé d'utiliser son veto pour conserver son rabais au budget européen, obtenu il y a plus de 20 ans. Alors qu'un Conseil européen doit se tenir les 16 et 17 juin à Bruxelles, le Guardian (gauche) appelle également M. Blair à revoir sa position concernant la ristourne. «Il serait raisonnable de se préparer à un compromis à la fois sur le montant du budget européen et sur le rabais britannique, ne serait-ce que parce que l'Europe peut difficilement se permettre un autre échec», estime le journal. De son côté, le Times (droite) envisage principalement les conséquences de la suspension du référendum sur la carrière de Tony Blair, jugeant que cette décision libère le Premier ministre, une victoire du non en Grande-Bretagne ayant probablement signé son départ anticipé dès l'an prochain. «Il n'y a plus de menace évidente pesant sur le projet de Tony Blair d'effectuer son mandat de Premier ministre».