Revenant sur ses accusations de la veille, où il avait affirmé avoir été battu et torturé par les militaires américains, le président irakien déchu leur reproche aussi de lui avoir volé une montre, dont sa fille lui avait fait cadeau. Saisissant l'opportunité de s'exprimer, Saddam Hussein n'a pas ménagé l'administration Bush contre laquelle il a retenu de nombreux griefs. “Dans la démocratie américaine, qui a montré son vrai visage dans le grand Irak, Saddam Hussein a été privé de porter sa montre. Ma vieille montre a été volée avec mon argent et ma fille, qui a été contrainte à l'exil, m'a fait cadeau d'une montre et ils l'ont prise”, a crié l'ancien maître de Bagdad. Continuant sur sa lancée, il reviendra sur ses accusations de torture après le démenti des Américains. “À la Maison-Blanche, ce sont des menteurs et la Maison-Blanche est le menteur numéro un au monde”, dit-il, avant d'ajouter : “Ils avaient menti en disant que l'Irak avait des armes chimiques. Ils ont encore menti en prétendant que je n'avais pas été battu.” “La dishdasha (robe traditionnelle irakienne, ndlr) que Saddam Hussein portait a été déchirée par ceux qui croyait ainsi humilier sa personne”, a-t-il crié à l'assistance. “Oui, j'ai été frappé sur tout le corps. Les marques sont encore là. Nous avons été frappés par les Américains, et nous avons été torturés, un par un”, insistait Saddam. L'ex-chef de l'Etat irakien a apporté quelques détails en affirmant que ses blessures consécutives aux coups infligés par les Américains avaient été constatées et répertoriées par des équipes américaines et que certaines de ses plaies avaient mis huit mois à guérir. Par ailleurs, la défense de Saddam Hussein a annoncé hier avoir déposé plainte devant la justice irakienne parce qu'il avait été “gravement torturé” par ses geôliers américains et que ceux-ci continuaient à le “torturer psychologiquement”. “Saddam Hussein a été gravement torturé au début de sa détention et j'ai vu des traces de contusion sur son corps”, a déclaré Me Khalil al-Doulaïmi à son arrivée d'Irak en Jordanie. En réaction à la déposition d'un témoin à charge, le président déchu dira : “Peu m'importe si Pérès veut venir me juger, qu'il soit maudit, lui et sa faible entité d'Israël. Maudit soit Bush et maudit soit son père avant lui.” Barzan Tikriti a affirmé à son tour devant le Haut tribunal pénal irakien avoir été battu pendant ses interrogatoires et provoqué un nouvel incident en invectivant le procureur. “Ils me posaient des questions et quand je demandais de pouvoir m'expliquer ils exigeaient des réponses par oui ou par non en me giflant alors que j'avais les mains menottées”, a-t-il indiqué. Il a notamment dénoncé, sur un ton menaçant, les coupures de son durant le procès : “Si on continue de couper le son, je ne vais plus assister aux audiences même s'ils me brisent. Nous voulons la justice et la démocratie dans ce pays et notamment dans cette salle.” Cette septième audience du procès, qui a vu trois témoins anonymes à la voix artificiellement altérée déposer jeudi, dissimulés derrière un rideau, a été mise à profit par un des avocats de Saddam pour dénoncer les irrégularités. Selon lui, les témoignages ne peuvent être considérés comme des preuves contre ses clients car ils ne reposent sur aucun lien direct avec les événements, ne se basant que sur des faits racontés par des personnes absentes, qui auraient vécu ce qui s'est passé à Doujaïl en 1982. Réagissant aux invectives de Saddam Hussein, l'administration américaine a laissé poindre, jeudi, son exaspération sur la façon dont les médias rendent compte du procès du dictateur irakien déchu Saddam Hussein, leur reprochant d'accorder trop d'importance à ses coups d'éclat et pas suffisamment à ses victimes. “J'ai vu, dans tout ceci, plus d'encre et plus de temps d'antenne consacré aux allégations mensongères de Saddam Hussein qu'aux victimes”, a regretté le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. “Ce n'est pas le gouvernement américain ni le gouvernement irakien. C'est Saddam Hussein qui est en procès”, a-t-il conclu. K. ABDELKaMEL