Le président déchu Saddam Hussein, dont le procès a été renvoyé au 24 janvier 2006, a, lors de son audience mercredi dernier, surpris ses juges irakiens en affirmant avoir été « battu et torturé » par les Américains en détention et en porter la trace physique. Impassible depuis le début de l'audience, il a fait cette déclaration dans une intervention en fin de journée, émaillée d'appels à la fierté nationale. « Je ne blâme pas les Américains en disant cela », a-t-il affirmé, laissant sans réponse une proposition du procureur, Jaafar al-Moussaoui, de « transférer tous les détenus aux mains des forces irakiennes pour faire cesser ces agissements ». Aussitôt, la Maison-Blanche a rejeté catégoriquement ces accusations en les qualifiant « d'absurdes ». « Je pense qu'il s'agit d'une des choses les plus absurdes sorties de la bouche de Saddam Hussein récemment », a dit le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan, à la presse. « Saddam Hussein reçoit un traitement diamétralement opposé à celui que son régime infligeait aux gens emprisonnés et torturés pour avoir simplement exprimé leur opinion », a ajouté M. McClellan commentant les propos du Président déchu. Lors de la septième audience, avant-hier, Saddam a également traité les Américains de « menteurs » et maudit les Bush, père et fils, ainsi que l'homme politique israélien Shimon Peres. D'abord attentif, Saddam Hussein, en chemise claire et costume gris foncé sans cravate, s'est ensuite plongé dans ses notes. Les cheveux impeccablement peignés, il portait sa barbe poivre et sel bien taillée. Saddam a, une nouvelle fois, rejeté l'autorité du Haut Tribunal pénal irakien et qualifié les insurgés « d'hommes braves qui s'attaquent aux Américains et qui les tuent, c'est un honneur que d'être fier d'eux ». Pour rappel, le procès a repris après la pause des législatives. « Ce sont des menteurs et la Maison-Blanche est le menteur numéro un au monde », a clamé Saddam Hussein. « Ils avaient menti en disant que l'Irak avait des armes chimiques. Ils ont encore menti en prétendant que je n'avais pas été battu », a-t-il ajouté. Saddam a tenu des propos insultants à l'égard de dirigeants américains et de l'homme politique israélien Shimon Peres. « Dans la démocratie américaine, qui a montré son vrai visage dans le grand Irak, Saddam Hussein a été privé de porter sa montre. Ma (vieille) montre a été volée avec mon argent et ma fille, qui a été contrainte à l'exil, m'a fait cadeau d'une montre et ils l'ont prise », a déclaré le Président déchu. « Peu m'importe si Peres veut venir me juger, qu'il soit maudit, lui et sa faible entité (l'Etat d'Israël, ndlr). Maudit soit Bush et maudit soit son père avant lui », a-t-il clamé. A Washington, quelques heures après la fin de l'audience, le porte-parole du département d'Etat américain, Sean McCormack, a reproché aux médias d'accorder trop d'importance aux coups d'éclat de Saddam Hussein et pas suffisamment à ses victimes.