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“Tipasa est le lieu rêvé pour un musée d'art contemporain”
Stani chaIne, critique d'art, à Liberté
Publié dans Liberté le 25 - 12 - 2005

Critique d'art, écrivain, poète (Prix international de poésie pour son recueil “Points d'eau”, 2000), Stani Chaine est un personnage haut en couleur. Il a été commissaire de l'exposition “Des Rives” qui a réuni récemment quatre artistes peintres lyonnais et quatre algérois. Dans cet entretien, il nous parle de ses pérégrinations artistiques, de ses projets futurs avec Alger et de son regard sur l'art contemporain algérien…
Liberté : Stani Chaine, c'est votre quatrième ou cinquième voyage à Alger ?
Stani Chaine : Exactement le onzième.
Ah ! Quand même… Alors, au bout du onzième voyage à Alger, est-ce que vous ne vous sentez pas un peu Algérois ?
Je me sens d'abord citoyen du monde. Et de plus en plus en affinité de cœur avec Alger et l'Algérie, et je dirai surtout les Algériens. Comme partout dans le monde, il y a des rencontres pénibles, mais il y a surtout des rencontres inouïes. Et je garde celle-là comme quelque chose de très profond dans mon cœur. Ce n'est pas un langage néo-colon, loin de là, c'est même l'inverse, mais je me sens comme chez moi ici !
Vous avez été commissaire de l'exposition “Des Rives” qui a été montée récemment entre Alger, Lyon et Corbas. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de cette expo. Comment cela a été concocté ?
Eh bien, cela remonte à deux ans et demi quand, par une série de hasards, avec Gérard Mathie qui est un artiste plasticien et professeur de beaux-arts. Nous sommes venus faire une conférence à l'Ecole supérieure des beaux-arts, invités par Mohamed Djehiche, directeur de cette école, via le Centre culturel français d'Alger. Nous devions donner une conférence sur le nu, le but étant de réintroduire le cours de modèle vivant à l'Ecole des beaux-arts. Nous devions rester trois jours et faire deux conférences. Nous en sommes restés huit à cause d'une grève d'avion fort bien venue. Et cela nous a permis de connaître Alger, de marcher, de rencontrer beaucoup d'Algérois. Du coup, on s'est attaché et on a mené deux autres projets et même trois, qu'on espère voir déboucher.
Peut-on avoir une idée de ces projets ?
Il y a d'abord le projet d'une revue qui s'appellera Alger l'Artiste, qui est écrite quasi-uniquement par des auteurs algérois qu'on a rencontrés, et qui est une espèce de regard sur l'Alger artistique d'aujourd'hui.
Le deuxième projet est un recueil de nouvelles que je pense écrire et qui s'appellera : Algériennes, avec des illustrations de Gérard Mathie.
Et puis, il y a un troisième projet autour de La Casbah sur des photographies de Ali Maroc et un texte d'un auteur algérois, et qui s'intitule : La Casbah icône d'Alger, sachant que la ville de Lyon mène des actions actuellement autour de la rénovation de La Casbah, dans le cadre de la récupération du patrimoine.
Concrètement, comment arrivez-vous à trouver les bons partenaires d'un côté comme de l'autre, surtout dans un contexte algéro-français parfois tumultueux…?
Eh bien, je crois qu'il faut être “naïf” d'abord. Il faut y aller sans trop se poser de questions. Ça s'appelle renverser des montagnes, quoi ! On y est arrivé dans la mesure où “Des Rives” a eu un énorme succès. Evidemment, on peut toujours rêver de mieux, mais je pense qu'il y a eu un très bon accueil, que ce soit à Alger, à Lyon ou à Corbas. Il y a eu des conférences, la presse, du monde et des échos favorables. Pour le reste, on peut toujours trouver les moyens. Maintenant, il se trouve qu'on frappe toujours aux mêmes portes, alors il faut chercher des partenaires ailleurs… Je vais voir du côté algérien si je peux trouver quelque chose.
Y a-t-il des discussions qui sont entamées avec des partenaires algériens ?
Il y a des partenaires qu'on m'a conseillés. Mais ça ne se fait pas du jour au lendemain… Et puis, il y a toujours le Centre culturel français… Le CCF vient de changer de directeur, alors il faut repartir sur des bases nouvelles, ce qui me semble compréhensible.
Pour revenir à l'exposition “Des Rives”, comment s'est fait le choix des artistes ?
C'est moi-même qui ai choisi les artistes mais avec des conseils notamment de Gérard Mathie. Les quatre artistes lyonnais sont des artistes que l'on a déjà défendus au Polaris, à Corbas, où je travaille comme commissaire d'exposition depuis quinze ans. Donc il me semblait normal de les exporter. Concernant les artistes algérois, après trois, quatre voyages, j'ai pu rencontrer des artistes.
Comme on est arrivé tout neuf ici, on n'avait pas d'idée préconçue. On ne voulait pas faire comme trop souvent, à mon avis, ça a été fait à l'occasion de l'Année de l'Algérie en France. Il y a eu plusieurs personnalités françaises qui sont venues, qui ont passé un quart d'heure à Alger et qui sont reparties avec une liste.
Ce n'est pas du tout comme ça que ça a fonctionné. Nous, nous sommes allés voir des ateliers, nous avons rencontré des gens et nous avons fait un choix. Forcément, un choix, c'est des renoncements. Il y a particulièrement trois artistes que j'aurais bien aimé prendre.
Lesquels ?
Il y a Meriem Aït El Hara, Mohamed Massen et Karim Sergoua. Et puis, il y a d'autres qu'on n'a pas vus, qu'on n'a pas rencontrés. Pourquoi ceux-là ? Parce qu'on ne voulait pas qu'il n'y ait, une fois de plus comme cela se passe malheureusement un peu trop souvent dans les manifestations officielles en France, que ceux que j'appelle les artistes issus de l'“art officiel”. De la pensée unique. Du cheptel de la République.
Même en France, il y a donc une emprise de la “pensée unique” ?
Oui, il y a les effets pervers d'une certaine pensée unique, de ce que j'appellerai “l'art unique”, et qui sont finalement l'académisme d'aujourd'hui. Il y a une institution en France qui s'appelle la Drac, et qui subventionne des expositions. L'Etat aide de grosses expositions comme la biennale de Lyon, mais l'effet pervers, c'est que depuis que ça a été créée par Jack Lang dans les années 1980, il y a tout une partie de l'art contemporain qui est complètement occultée, voire même méprisée. Il y a des fromages. Il y a des gens qui sont dans le fromage et qui ne veulent pas partager.
Stani Chaine, vous êtes critique d'art. À ce titre, quelle appréciation faites-vous de la peinture algérienne contemporaine ?
Vous savez, à une époque, on disait “France musique” au singulier. Aujourd'hui, on dit “France musiques” avec un “s”. Je pense que c'est pareil pour les autres arts. Il faut arriver à dire “les arts contemporains”, parce que je pense que l'art, l'artiste en tout cas, doit se distinguer par sa singularité, même s'il est le représentant ou l'emblème d'une identité. Je ne veux vexer personne, ni en France ni en Algérie, mais il me semble que, comme partout, il y en a qui ont plus de choses à dire que d'autres.
Du reste, les réalités algérienne et française ne sont pas du tout les mêmes. Les artistes algériens manquent certainement de moyens. Je souhaiterais qu'ils en aient plus mais je leur dis simplement : méfiez-vous de l'effet pervers qui se passe en France, c'est-à-dire qu'à force d'avoir les moyens, on vous met en prison.
On vous met dans la prison de la pensée unique. On vous donne les moyens pour que vous produisiez tel type d'art. C'est à mon avis ce qui est en train de se passer en France, et même en Europe et dans le monde. C'est la mondialisation au niveau artistique. Par exemple, il y a des artistes américains très doués sur lesquels des bookmakers misent comme sur un cheval. Les artistes sont cotés en Bourse et il y a des actionnaires qui achètent. C'est comme ça que l'art est vécu, aujourd'hui, en Occident. C'est terrifiant.
Il y a la fameuse biennale d'art contemporain de Lyon qui se tient en ce moment. Est-ce que vous pensez qu'une biennale puisse être montée sur l'autre rive, spécialement à Alger ? Nous avons le sentiment que c'est un cadre qui manque cruellement aux artistes du Sud…
J'ai appris qu'il y a un musée d'art moderne qui va se monter à Alger... Je pense effectivement que c'est quelque chose d'absolument indispensable. Je peux rêver mais si j'avais le pouvoir, je lancerais un concours international d'architecture et je bâtirais un immense musée d'art contemporain à Tipasa. C'est un lieu magnifique. Mais je ne veux surtout pas donner de conseil aux Algériens. C'est un rêve, une utopie… Tipasa me semble le lieu idéal parce qu'elle réunit toute l'histoire de l'Algérie. Maintenant, comment faire pour qu'il n'y ait pas encore une fois les effets pervers de “l'art officiel” et de “l'art international”, je crois que c'est un piège que personne ne peut éviter, pas plus en Algérie qu'en France ou à New York…
M. B.


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