Le nu dans la peinture occidentale a été le thème choisi pour cette 1re journée de vulgarisation. Qui n'a jamais entendu parler de la Vénus de Milo, cette superbe sculpture qui trône au milieu du musée du Louvre, de ce magnifique tableau La femme au perroquet de Gustave Courbet, Les trois grâces ou encore La grande odalisque d'Ingres pour ne citer que quelques exemples? Un point commun les réunit: la nudité du corps. Un thème récurrent dans la peinture mais encore dans tous les arts plastiques. En effet, l'image du corps dénudé a, de tout temps, existé dans les représentations que l'homme donne à voir de lui-même à travers son activité artistique. Jadis honni, car perçu comme scandaleux, aujourd'hui, le nu a perdu de son aura ou de son mystère à force d'être utilisé justement, à tort et à travers...De l'impudique Olympia de Manet au zérozoisme, la philosophie artistique de Zéro Zoo, un artiste contemporain, que de formes le nu a adoptées au fur et à mesure que l'art a évolué à travers l'histoire traversant les courants et les époques! Un itinéraire créatif fort passionnant. Si, pour Jean Renoir, les nus qu'il peint sont «les plus purs de toute l'histoire de l'art», pour d'autres artistes tels que l'Autrichien Egon Shiele qui se base sur l'ossature du corps, il est autrement plus provocateur dans sa démarche de peindre et d'autant plus, dans son approche quand on sait qu'il prenait souvent comme modèle sa femme. Tout ceci n'a plus d'importance aujourd'hui. Le sujet du corps n'est plus forcément une priorité de l'artiste contemporain. Aussi, pour en savoir plus sur le peintre et son sujet et l'histoire du nu dans la peinture occidentale, une conférence, la première d'un triptyque, s'est tenue, samedi dernier, à l'initiative du Centre culturel français à l'Ecole normale supérieure des Beaux-Arts et fut animée par Stani Chaine et Gérard Mathie. L'un est écrivain critique d'art et commissaire d'exposition, l'autre, plasticien et auteur. Pour Gérard Mathie, la représentation du nu dans la peinture est la conséquence de la sculpture. En effet, la période de la Renaissance regorge de ces statues qu'on glorifiait comme des divinités, à l'image de Pygmalion. Plus tard, des artistes se sont inspirés des photographies pour peindre. Cette image, qui enregistre la réalité telle que nos yeux la dessinent, va pousser les ultraclassiques à être plus libres. «Le nu va choquer dans la mesure où les yeux du sujet vont être tournés vers le spectateur et à partir du moment où on cesse de le représenter comme dans les mythes», explique Gérard Mathie. L'avènement du cinéma avec les frères Lumière en 1892, poursuit Stani Chaine, va également influencer les artistes en apportant la notion du mouvement. «Pour Cézanne, le sujet n'est qu'un prétexte pour penser à la peinture dans toute sa composante matérielle. Pour les surréalistes, le corps n'est qu'un support pour transcrire les images de l'inconscient», déclare Mathie. Si au départ, les premiers photographes cherchaient à imiter les peintres, aujourd'hui, ce sont les peintres qui tendent à reproduire les photos. «Aussi, la fascination qu'exerce le corps nu ne s'est pas atténuée mais est toujours ressentie. Le corps est mis en scène (body art). Il reste une préoccupation majeure dans la création artistique», avoue Gérard Mathie, et Chaine de rebondir: «Il en est ainsi paradoxalement dans un monde qui est submergé par la publicité et les images pornographiques où le corps est montré dans sa forme excessive pour contrebalancer une certaine forme de puritanisme». Arrivé à notre ère, le rapport à la représentation de la réalité s'est complètement dispersé. L'artiste cherche à représenter autre chose que la réalité. «Au 21e siècle dans l'art contemporain les technologies et les techniques se sont énormément développées. On utilise une technologie qui n'est pas en rapport seulement avec l'image. Les plasticiens s'emparent du son de l'objet notamment. Il y a dispersion totale des sujets», assure Gérard Mathie. Quel que soit le rapport qu'entretient le peintre avec son sujet, la nudité a toujours été porteuse de sens qu'elle s'inscrive ou non dans un système d'opposition entre le nu et le vêtu. «J'insiste énormément sur le rapport au sens qui est pour moi primordial», achève Gérard Mathie. Une vulgarisation de l'art du nu soutenue par une projection d'une série de diapositives a également contribué à la compréhension de son histoire.