L'Irak post-Saddam doit se mettre en place. Les législatives du 15 décembre n'ont, apparemment, pas réglé la question. Les Irakiens ne pourront pas faire l'impasse sur un gouvernement d'union nationale. Les politiques irakiens, toutes tendances confondues, sont sommés de s'entendre, mercredi, sur un cabinet d'union nationale pour diriger le pays où se multiplient des manifestations contestant ou défendant les résultats annoncés des législatives du 15 décembre et où aussi se poursuivent des attentats meurtriers. Les têtes de listes aux législatives doivent se rencontrer dans le nord de l'Irak autour du président sortant Jalal Talabani, qui s'emploie depuis une semaine à rapprocher les vues entre les acteurs du jeu politique irakien, avec l'intention de parvenir à la formation d'un cabinet d'union nationale que même les Américains appellent de tous leurs vœux. La tête de liste des chiites conservateurs, Abdel Aziz Hakim, et d'autres comme l'ancien Premier ministre Iyad Allaoui et des leaders sunnites, devraient en principe prendre part à cette réunion de dernière chance. Les tractations se déroulent sur fond de manifestations contestant les résultats des élections et de contre-manifestations défendant ces résultats et demandant la reconduction du Premier ministre, Ibrahim Jaafari. A Bagdad, une manifestation réunissant des milliers de personnes a contesté les résultats annoncés des élections, donnant gagnante la liste de chiites conservateurs. La manifestation, à l'appel de “Maram” (Congrès du refus des élections falsifiées), s'est déroulée sur les grandes artères de la capitale, une façon de marquer l'importance des sunnites mis en minorité par les chiites et les Kurdes. Les manifestants réfutent les élections au motif qu'elles vont diviser l'Irak, accusant le gouvernement intérimaire de Jaafari de fraudes électorales ! Le Maram, qui dit comprendre 42 groupes et mouvements politiques contestant les résultats, court apparemment pour Iyad Allaoui installé à la tête de l'Irak par les Américains au lendemain de leur invasion. La manifestation a été organisée en dépit des mises en garde de la liste de chiites conservateurs contre les risques de porter la contestation dans la rue et des pressions sur la Commission électorale indépendante. Dans le camp chiite, des centaines de personnes ont défilé, lundi en début de soirée, à Kerbela, ville sainte, à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad, pour demander la reconduction du Premier ministre Ibrahim Jaafari. Une manifestation similaire devait se dérouler à Amara, ville chiite à 365 km au sud de Bagdad. Cette agitation précède la réunion de demain. L'Irak est à la croisée des chemins. D. Bouatta