Pendant que les ateliers de formations continuent à faire le bonheur des stagiaires, les compétiteurs n'ont pas cessé de se jeter dans l'arène, souvent avec des armes inégales. Parmi les plus armés, figurent Ur netsruzu ur nkennu (message kabyle) de la Marocaine Nadia Dallal, avec Shamy Chemini, qui revient sur les évènements du mouvements citoyen. Dans un reportage simple, Dalila filme Shamy, l'une des figures de proue du mythique groupe musical algérien, les Abranis, ayant marqué aussi bien le militantisme que la musique nord-africaine, et ce, durant les années soixante-dix, qui va à la rencontre de la population kabyle en pleine révolte contre le pouvoir d'Alger. Un documentaire de 52 minutes qui montre les retrouvailles de l'artiste avec son village, son enfance, les jeunes… etc. avant de filmer sa participation à l'organisation du mouvement citoyen. Le film qui, cinématographiquement abouti, est le résultat de l'entêtement de Shamy à faire cette aventure et de Nadia Dallal qui a accepté de suivre l'artiste. Au-delà des considérations des idées défendues, le retour de Shamy, à un moment où tout le monde cherche à quitter le pays, s'inscrit dans une forte symbolique. C'est une invitation à la transmission de la mémoire qui manque cruellement en Algérie. Le film traduit la rage non seulement de Shamy, mais de tout un peuple qui ne mâche pas ses mots. Avec plus de 35 ans de militantisme, de création musicale et de production intellectuelle, il vient dire haut la rage qui gît dans le cœur de toute la Kabylie. En même temps, il offre une précieuse opportunité de panser les blessures afin de bien penser à l'avenir. Un autre film vient créer la surprise. Il s'agit de Taziba Ihulfyen (le labyrinthe des sentiments) de Omar Amroun qui propose un travail respirant l'intelligence, même si l'œuvre souffre de faiblesses dues au manque de moyens. Jugurten commence déjà à trembler sur le trône qu'il occupe jusque-là. Mais ces trois œuvres finiront par trouver une entente dans le partage des prix. Tahar Houchi