240 chefs de famille, souscripteurs de l'Aadl, attendent toujours les explications concernant les logements fantômes. Sur les 25 bâtiments que compte ce site, 4 tours sont à l'arrêt. Les bénéficiaires potentiels, qui auraient dû déjà occuper leurs logements, se retrouvent ballottés entre l'Aadl et Cosider. Las de cette situation qu'ils qualifient de scandaleuse, ils crient leur colère et décident de faire appel au premier magistrat du pays. Avant cela, plusieurs sit-in ont été organisés ainsi que d'incessants déplacements auprès de la direction générale de l'agence. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, les plaignants rappellent l'engagement non tenu alors que la formule location-vente est un programme du chef de l'Etat. “Après la distribution de la première tranche en juin et juillet 2004, nous attendions notre tour, prévu en août de la même année, selon les déclarations du ministre de l'Habitat à la télévision, et qui devait s'étaler jusqu'à la fin de l'année dernière. Passé ce délai, nous décidâmes de nous rendre sur le site pour constater l'amère réalité. Les bâtiments 12, 13, 24 et 25 n'existent pas”, observent-ils. Et d'ajouter : “Comment a-t-on procédé à la numérotation des bâtiments sans que les ouvrages soient prêts ? Comment pouvait-on numéroter les bâtiments 12, 13, 24 et 25 alors que le problème de l'assiette était posé en décembre 2002 ? (voir décisions d'affectations des intéressés).” Une interrogation somme toute légitime quand on sait, en effet, que beaucoup d'assiettes ont été puisées d'EAC, d'où le litige qui a opposé durant plusieurs mois l'Aadl aux services de l'agriculture. C'est ce qui explique, en partie, les retards accusés sur certains sites. Néanmoins, le cas des Bananiers est unique, dans la mesure où seulement 1 tour sur 4 a pu dépasser le stade des fondations. Les bénéficiaires craignent à présent le pire. Ils sont même convaincus, à travers leur écrit, que leurs logements ne seront jamais livrés pour la bonne raison que le litige autour de l'assiette existe toujours. “L'ancien directeur général par intérim n'a pas pu nous convaincre en évoquant des subterfuges tels que la réévaluation du coût du projet par Cosider ou encore le problème des indus occupants, les nouveaux, car les anciens ont été relogés par l'APC de Mohammadia”, disent-ils. Devant ce qui précède, ils avouent leur pessimisme. Au ministre de l'Habitat, ils écrivent également qu'en réponse à leurs doléances, ils ont eu toutes sortes d'explications, de la plausible à la plus farfelue. “Nous constatons que les portes du dialogue semblent être fermées”, regrettent-ils. Ainsi, après toutes les tentatives de régler ce problème dans des conditions plus ou moins pacifiques, les futurs bénéficiaires “fictifs” comptent opter pour une autre voie, celle de la grève de la faim. “C'est notre dernier recours, à moins que notre appel soit entendu par le président de la République sur qui nous fondons un grand espoir”, fera savoir Mohamed Zermani, coordinateur et représentant des bénéficiaires des 4 tours 12, 13, 24 et 25. Côté Cosider, il semble que les choses reprennent leur cours normal à condition que l'administration de l'Aadl en fasse autant. A. F.