RESUME : Mayssa ne se déride pas. L'humour de Adel la laisse indifférente. Elle mettra sa mère au courant. Celle-ci lui conseille de ne pas en tenir compte. Rabiha discute avec Nadia puis avec Adel, au point de mettre sa fille dans l'embarras à force de lui poser des questions indiscrètes… - Ne réponds pas Adel, lui dit Mayssa contrainte à intervenir. Il faut excuser maman. Elle adore être au courant de tout. Et si on passait à table ? propose-t-elle. Je suis sûre que vous avez faim ! Maman, tu pourrais nous servir, s'il te plaît ? - Bien sûr ! J'espère seulement que le déjeuner vous plaira, dit Rabiha. Vous aimez le couscous ? - On aime tout ce qui est préparé sans poison, réplique Nadia. - Et comment ? réplique Mayssa qui les précède au salon, pour qu'ils ne voient pas son visage en feu. Ainsi, elle en déduit par la remarque que sa cousine est au courant. Mille pensées lui traversent l'esprit au point de lui donner le vertige. Elle s'assoit vite et ses mains restent accrochées au bord de la table. Durant tout le déjeuner, elle reste tendue et ne touche presque pas au contenu de son assiette. Adel et Nadia parlent de leurs projets. Comme pour répondre à Rabiha. Adel a remarqué qu'après un court moment de détente, Mayssa est devenue grave et soucieuse. Il tente de discuter avec elle. Il y a tant de peine dans son regard. Quand elle remarque qu'il la regarde, elle sent ses yeux se mouiller de larmes. Elle porte la main à la tête et soupire. - J'ai mal à la tête, dit-elle. Je crois que je ferais mieux de me mettre au lit. Je dois couver une grippe. -Tu ne rentres pas avec nous ? - Non, répond-elle en voyant bien que sa réponse ne le réjouit pas. Je rentrerais quand j'irais mieux. Vous m'excusez mais je vais m'allonger. Rentrez bien. - Tu m'appelles, dit Adel en lui écrivant son numéro de téléphone. Je viendrais te récupérer à la gare. - C'est gentil, mais je me débrouillerais, répond Mayssa sans prendre le papier et elle se retire dans sa chambre. Avec pour seule compagnie Rabiha, Nadia et Adel décident de partir. Rabiha tente de les retenir encore un peu. - Vous prendrez bien du thé ou du café ? propose-t-elle. - Sans façon, non, répond Nadia. On ne tient pas à tomber malade. Comme Rabiha fronce les sourcils, la jeune fille ajoute en riant : - Je n'ai pas l'habitude de prendre du café ou du thé après un aussi bon déjeuner. Après l'avoir remerciée, ils partent. Rabiha va voir sa fille. Elle lui parle de la remarque de Nadia. - Apparemment, elle est au courant, lui dit- elle. - Où a-t-elle entendu la rumeur ? On ne fréquente pas la même fac et elle ne vit pas à la cité, se rappelle Mayssa. J'imagine qu'elle est déjà en train de le raconter à Adel. - Ce garçon m'a l'air très bien, dit Rabiha. Vraiment, je trouve que Nadia ne le mérite pas. Il est beau, intelligent et son avenir est prometteur. Tu te rends compte, il travaillera dans le pétrole. Il gagnera bien sa vie. Celle qui aura la chance de se marier avec lui ne manquera de rien. - Peut-être ! Tu sais, dans mon cas je ne cherche que la tranquillité d'esprit, réplique la jeune fille. Et je peux y dire "adieu". Les gens croient tout ce qui se raconte. Tu ne t'en rends pas compte maman, mais cela gâchera tout dans ma vie. Je crois que je ne m'en remettrais pas. - Tu dramatises pour rien, rétorque Rabiha. Tu es quelqu'un de bien. Les commérages ne doivent pas te troubler et te gâcher la vie. Poursuis tes études et laisse-les parler. Ils finiront par se lasser et ils trouveront un autre sujet plus intéressant. Il te suffit d'être patiente. Mayssa se demande si elle en aura la force. Elle n'a jamais été le sujet de commérages et sa discrétion y était pour beaucoup. Maintenant que les choses ont changé avec le mal qui ronge Hamid et tout ce qui se raconte sur elle, elle pense à quitter les bancs de l'université. Elle ne supportera pas d'être mal vue et mal jugée. Ce qui lui arrive est injuste. Elle en est malade. Pendant plusieurs jours, elle ne quitte pas le lit. Sa mère a beau crier et lui ordonner de se lever, elle n'a pas la force de sortir. Comment affronter le regard des autres, dans son cas ? Elle ne s'en sent pas la force même si elle sait que tout ce qui se dit à son sujet est pur mensonge. (à suivre) A. K.