La capitale dispose d'une réserve de 240 millions de m3. Une bonne partie des habitants de la capitale aura assisté durant le week-end dernier avec amertume à un déluge d'eau sur la ville pendant que les robinets de leurs logements sont restés à sec. Faut-il maintenir le rationnement, c'est-à-dire une distribution de 1 jour sur 3, alors que le niveau des réserves des barrages est remonté à un niveau jamais atteint depuis de nombreuses années ? Autrement dit, les restrictions en matière d'approvisionnement en eau potable de la population sont-elles légitimes ? D'abord, regardons le tableau de bord du niveau des réserves des barrages. Le barrage de Keddara accumulait hier 76 millions de m3, celui du Hamiz 7,95 millions de m3 et de Beni Amrane 5,83 millions de m3. Avec la fonte des neiges, le premier ouvrage recevra, dans les prochains jours, 15 millions de m3, nous a indiqué un responsable du ministère des Ressources en eau. Ainsi, le barrage de Keddara dispose de réserves à hauteur de 100 millions de m3, si on déverse respectivement 5 millions du Hamiz et 4 millions de Béni Amrane. Les réserves des barrages de l'interconnexion s'élèvent à 140 millions de m3 : 78 millions de m3 de Ghrib, 17,90 millions de m3 de Bouroumi, 38,68 millions de m3 de Boukourdane et 12,17 millions de m3 de Boughzoul dont les apports se déversent directement dans le premier ouvrage. En résumé, la capitale dispose aujourd'hui de 240 millions de m3, soit un niveau jamais atteint depuis l'indépendance. A raison de 100 000 m3/j du premier système et 100 000 m3/j de l'interconnexion dans un scénario prudent, la capitale dispose de réserves de sécurité pour plus de deux ans, si on considère que les nappes fournissent 400 000 m3/j, soit la production actuelle tirée des forages. Ainsi, Alger dispose de 600 000 m3/j soit 100% de ses besoins minimaux si on conjugue les apports des barrages et des nappes. En 2005, le barrage de Koudiat-Acerdoune sera prêt. Il constituera un appoint pour les besoins de la capitale. Cette infrastructure ne nécessite pas d'adduction. Ses apports se déverseront directement dans le barrage de Keddara. En considérant les fuites dans les réseaux et en adoptant une attitude prudente, on peut au moins donner un jour sur deux aux habitants de la capitale. En somme, des experts du secteur disent que l'hyperprudence des autorités ne se justifie plus avec les apports des dernières pluies. Les réserves de 240 millions de m3 donnent d'ailleurs un temps de répit pour réaliser la station de dessalement d'une capacité de 100 000 m3/jour à 200 000 m3/jour à Alger, et achever les travaux de transfert de Takesbt. A l'Est, tous les points noirs sont résorbés : Skikda, Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Oum El-Bouaghi, Tébessa, Souk-Ahras, Constantine. Les barrages dans cette région sont soit pleins, soit à des niveaux très importants. A l'Ouest, la situation reste moins reluisante. Le taux moyen de remplissage des barrage est de seulement 38,24% contre plus de 40% l'année dernière. Les réserves à l'Est ont donc permis d'améliorer la plage horaire de distribution d'eau en particulier à Annaba (1 jour sur deux). Le niveau des ressources en eau au Centre autorise donc une distribution tous les 48 heures. A défaut, les responsables sont là pour gérer l'austérité, et non pas une meilleure offre. Le spectacle des jerrycans et des baignoires pleines semble amuser dans ce cas nos décideurs. N. R.