Alors que les pays occidentaux veulent rapidement des mesures contre le régime de Téhéran, la Chine et la Russie privilégient encore la voie des négociations pour le règlement de cet épineux dossier qui fait trembler Israël. À voir les réactions contradictoires émanant des membres du Conseil de sécurité des Nations unies au sujet du nucléaire iranien, tout indique qu'une bataille diplomatique d'envergure mettra aux prises, au sein de l'instance exécutive onusienne, les pays occidentaux catégoriquement opposés au projet de Téhéran et l'alliance russo-chinoise qui a tendance à donner une autre chance au régime de Mahmoud Ahmadinéjad. Ainsi, après l'appel à la retenue, lancé lundi soir par Vladimir Poutine, hier ce fut au tour de Pékin d'estimer que la voie de la négociation était toujours possible. “Nous pensons et espérons que grâce aux efforts communs de toutes les parties concernées, nous pourrons retourner à la négociation et sur le chemin d'une solution pacifique”, a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Kong Quan, au lendemain d'une rencontre à Londres entre la troïka européenne, composée de la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Dans le même sillage, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a insisté, hier, sur le fait que “les sanctions ne sont pas le meilleur et absolument pas le seul moyen de régler la crise du nucléaire iranien”. Tenant compte de ces points de vue, la troïka européenne s'est limitée jusqu'à maintenant à demander une réunion extraordinaire du conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour traiter le dossier. Celle-ci pourrait avoir lieu les 2 et 3 février prochain, conformément au souhait des Européens. De son côté, le Haut représentant de l'Union européenne (UE) pour la politique étrangère, Javier Solana, s'est dit confiant, lundi, que la Russie et la Chine soutiendront l'initiative de l'UE et des Etats-Unis de porter le dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Il a indiqué s'attendre à ce que la décision soit prise lors d'une réunion d'urgence du conseil des gouverneurs de l'AIEA. Alors qu'un renvoi devant le Conseil de sécurité est considéré comme un pas vers l'imposition éventuelle de sanctions ou au moins vers une injonction de l'ONU à Téhéran de mettre fin à son programme de recherche nucléaire, Israël poursuit ses efforts en ce sens. Des responsables de sécurité et des questions atomiques de l'Etat hébreu ont été dépêchés, hier, à Moscou par Ehud Olmert, l'intermédiaire d'Ariel Sharon, pour discuter du programme nucléaire iranien avec les Russes. “Cette visite, décidée il y a deux mois par le Premier ministre Ariel Sharon avant son hospitalisation, est destinée à permettre un échange de points de vue et de renseignements sur l'état d'avancement du programme nucléaire iranien”, a indiqué hier un responsable de la présidence du conseil israélien. “La Russie joue un rôle clé dans ce dossier dans la mesure où elle continue à construire une centrale nucléaire en Iran et coopère avec ce pays pour le développement de missiles à longue portée tout en lui fournissant des armes conventionnelles”, a également affirmé la même source. Il y a lieu de signaler que les inquiétudes de l'Etat hébreu ont redoublé après les déclarations incendiaires du président iranien Mahmoud Ahmadinéjad qui a appelé à “rayer Israël de la carte”. Israël n'a jamais reconnu disposer d'un arsenal nucléaire, mais des experts étrangers affirment que l'Etat hébreu possède 200 ogives nucléaires ainsi que des missiles de longue portée. Enfin, l'Iran a réitéré, hier, par la voix de son ambassadeur auprès de l'AIEA, sa menace de suspendre sa coopération volontaire avec l'AIEA s'il est déféré devant le Conseil de sécurité de l'ONU. K. ABDELKAMEL