En dépit de toutes les mises en garde lancées par les instances, un projet de construction d'un immeuble R+5 a été lancé. Les riverains sont pour le moins déconcertés par l'attitude des autorités locales qui accusent un silence énigmatique sur une affaire aux conséquences fâcheuses sur l'environnement. Au Sacré-Cœur, quartier chic, il se passe quelque chose d'anormal. Depuis 2000, un projet, pour le moins contesté à cause des désagréments qu'il génère, est au centre des discussions des habitants des rues Danemark, Sacré-Cœur, Enfantin et Didouche-Mourad. À l'origine de cette affaire, la municipalité confie à une entreprise privée le projet de construction d'un immeuble devant abriter des services d'utilité publique (antenne administrative, agence Sonelgaz, ADE, P&T, etc.) et ce, dans le but de rapprocher ces organismes des citoyens de ce quartier et de leur faire éviter des déplacements fatigants. Mais c'était compter sans la nature du terrain qui s'est avérée plutôt inappropriée à ce genre de projet. En effet, aussitôt les travaux des fondations lancés, le sol s'est montré marécageux et donc inadéquat à supporter une telle construction. Les dégâts seront d'ailleurs sans appel, en atteste l'effondrement d'un mur d'enceinte bordant l'immeuble situé au 16, rue Enfantin. Une canalisation en a également fait les frais en se cassant, libérant les eaux dans tous les sens. Un premier signe d'alerte qui fera réagir les habitants. Ces derniers attirent l'attention des services de l'urbanisme, le contrôle technique et le P/APC qui ordonnent de ce fait l'arrêt immédiat des travaux. En 2003, la mairie lance un avis d'appel d'enquête commodo et incommodo pour deux propositions à savoir la construction d'une crèche (R+1) à la rue Danemark ou bien l'aménagement de l'espace vert en jardin public. Les riverains optent pour la première proposition. La deuxième a été rejetée pour des raisons sécuritaires. Contre toute attente, ils constatent que le projet initialement prévu, soit la construction d'un immeuble R+5, est relancé en ayant comme support le mur aveugle de l'immeuble n°4 de la rue Enfantin. Et c'est justement là qu'ils refusent d'admettre une telle œuvre sachant que ce même projet dont l'étude a été effectuée par un bureau technique privé n'a pas été assujetti aux conditions réglementaires. Pour preuve, les travaux entamés n'ont pas tardé à faire émerger les carences. La remontée des eaux est inquiétante ce qui fait peser de gros risques sur les quatre immeubles entourant cet espace vert. Les habitants en colère montrent du doigt les responsables qui ont autorisé ces travaux ayant conduit à l'abattage des beaux palmiers qui embellissaient le quartier. Aujourd'hui, ils sont encore plus inquiets en constatant que le mur du 16, rue Enfantin vient d'être fragilisé par les nouvelles fouilles. “Même les fondations du 120, rue Didouche-Mourad, du 3, rue du Sacré-Cœur et du 4, rue Enfantin viennent d'être à nouveau endommagées”, écrivent-ils dans une requête adressée, le 22 novembre dernier, au ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. Toutes ces constatations ont été consignées dans un PV de constat établi par un huissier de justice. Par ailleurs, par courrier daté du 28 décembre dernier, le ministère de l'habitat fait savoir aux plaignants que les travaux de terrassement mis en cause ont été entrepris sans permis de construire et que, de ce fait, l'APC d'Alger-centre a été saisie pour faire arrêter les travaux et demander au maître de l'ouvrage un permis de construire, conformément à la réglementation en vigueur. De même qu'un autre courrier émanant de la wilaya d'Alger le 2 janvier courant précise que les travaux entrepris au niveau de l'endroit cité n'ont pas été autorisés. L'APC a également été instruite de faire arrêter le projet en question jusqu'à l'établissement du document réglementaire. Dans un ultime recours adressé le 15 janvier en cours, les plaignants sollicitent l'intervention du ministre de l'Habitat et de la Construction pour faire arrêter lesdits travaux non autorisés et qui risquent de générer de graves dégâts d'autant plus qu'un gros engin d'excavation est actuellement opérationnel au milieu du quartier. “C'est pour toutes ces raisons et afin d'éviter l'irréparable que nous venons vous demander d'user de vos prérogatives pour geler ce projet et diligenter une étude plus approfondie par des experts des services compétents”, écrivent-ils. A. F.