Le couple Téhéran-Damas semble pouvoir surmonter les pressions internationales malgré son isolement, les craintes de déstabilisation de la Syrie et les menaces de sanctions contre l'Iran dans la crise sur le nucléaire, selon des analystes. La crise politique en Israël et au Liban, la guerre en Irak, la hausse du pétrole sont autant d'éléments qui jouent en faveur de ce couple improbable, mais qui dure depuis 35 ans. Cette alliance s'est exprimée avec force durant la visite de deux jours à Damas du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad. “Nous sommes tombés d'accord sur tous les sujets”, s'agissant du nucléaire, de l'Iran, du Liban et des Palestiniens, a déclaré jeudi le président syrien, Bachar al Assad. “Nos relations sont solides et profondément enracinées”, a renchéri le président iranien pour qui Damas et Téhéran “partagent les menaces” des Américains et de la communauté internationale. Les deux capitales ont en commun les mêmes adversaires: Israël et les Etats-Unis. “Même si leurs relations ne sont pas stratégiques — l'Iran est une puissance régionale, mais pas la Syrie — elles ont surmonté l'épreuve du temps”, analyse un diplomate occidental sous le couvert de l'anonymat. Sur le dossier nucléaire, l'Iran en tant que quatrième producteur mondial de pétrole résiste aux pressions, et est en position d'être maître des négociations avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea). “Les pressions ne peuvent qu'être bénéfiques au régime iranien (...) car elles révèlent l'absence d'unité de la communauté internationale”, estime Sanam Vakil, spécialiste du Moyen-Orient, à l'université John Hopkins, dans un article au quotidien libanais The Daily Star. “Pendant que la communauté internationale condamne et menace, c'est Ahmadinejad qui exploite la faiblesse des options dont elle dispose, à l'avantage de l'Iran”, explique cette analyste. Le président syrien a enfoncé jeudi le clou en appelant Israël à donner l'exemple en renonçant à son armement nucléaire et à créer une zone libre d'armes de destruction massive (ADM). Sur le plan régional également, souligne cette analyste, la rhétorique d'Ahmadinejad “est bien accueillie dans la rue arabe, surtout parmi les alliés de Téhéran, ainsi que l'a montrée la récente visite en Iran du chef du Hamas palestinien qui a menacé Israël en cas d'attaque contre ce pays.” En venant à Damas, l'Iran cherche à renforcer son alliance avec la Syrie — qui remonte à la guerre irako-iranienne (1980-88) — alors que le monde arabe manque cruellement de stratégie et vit dans la crainte de l'instabilité, y compris en Syrie. R. I./Agences