C'est désormais parti, le coup d'envoi de la 25e Coupe d'Afrique des nations a été donné hier au Caire au Cairo stadium en présence d'une marée humaine presque tout acquise à la “cause égyptienne”. Juste après une belle cérémonie d'ouverture haute en couleurs avec notamment une fresque féerique, les Egyptiens avaient rendez-vous avec les Libyens pour le coup de starter de la CAN. Il faut dire que la fièvre du foot s'est emparée de la population du Caire aux premières heures de la journée. L'Egypte s'est réveillée, hier matin, au rythme des tambours des fouteux, tous agglutinés aux nombreux bus, menant au temple du Cairo stadium, mis gracieusement à leur disposition par le comité d'organisation de la CAN 2006. Dans une ambiance de véritable fête nationale, des dizaines de milliers de supporters des Pharaons ont complètement pris d'assaut les artères de la capitale, soufflant sur le Caire en cette journée chômée du vendredi un rayonnant vent de folie. Un décor de fiesta populaire absolument indescriptible que seul le football, sport roi par excellence dans la cité pharaonique, sait susciter au milieu d'une misère sociale visible à l'œil nu. Oubliée la cherté de la vie, oubliés les couacs d'un quotidien fortement pénible et éprouvant pour la forte majorité des égyptiens, le foot, l'opium des peuples des temps nouveaux, sert, l'instant d'un match, de défouloir. “Yahia Misr”, scandent-ils à pleins poumons sous l'œil vigilant d'un service d'ordre digne d'une époque de guerre. Un service d'ordre donc renforcé en raison principalement de la venue au stade du raïs Moubarak qui a voulu marquer de son empreinte ce show footballistique. Des conditions sécuritaires tellement drastiques qu'il a été ardu aux journalistes même de se frayer un chemin à la tribune de presse. Des supporters nous ont même confié que les portables étaient interdits dans les travées du stade pour ne pas servir de projectiles. Théâtre auparavant d'attentats terroristes perpétrés par les groupes islamistes, l'Egypte craint que cette nébuleuse tente de profiter de cet important rendez-vous continental à l'impact médiatique certain pour frapper. À coups de dispositifs impressionnants — surveillance de caméras et vigiles méticuleux — l'Egypte donne l'impression de se préparer au pire dans une atmosphère joviale. Le contraste est du reste frappant dans le quartier populaire de Saïda-Zineb avec ce déferlement des supporters peu soucieux du quadrillage systématique des policiers en tenue et en civil. Un peu plus loin dans le quartier d'Anessre, des Libyens, qui avaient traversé la frontière entre les deux pays le matin de la confrontation des frères ennemis, tentent tout de même de se faire entendre. Selon les organisateurs, ils avaient demandé 30 000 places au stade du Caire, mais ils n'ont fini par n'en avoir que 5 000. Un chiffre jugé dérisoire par les Libyens. À noter que les téléspectateurs algériens ont rendez-vous aujourd'hui avec le choc Maroc-Côte d'Ivoire à partir de 13h. S. B.