Le socialiste Evo Morales est devenu, dimanche, le premier Amérindien à accéder à la présidence de la Bolivie, son investiture officielle marquant un virage à gauche dans l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine. Evo Morales, 46 ans, a prêté serment le poing levé, dimanche à 18h (GMT) aux sons des “pututu” (cornes des Indiens aymaras) devant le Congrès à La Paz en présence de 11 présidents d'Amérique latine et d'Europe et de plus de 500 invités venus d'une cinquantaine de pays. Sans cravate, costume sombre sur une chemise blanche, Evo Morales a prêté serment en larmes avant de remercier ses parents et la pachamama (déesse Terre) et d'affirmer qu'il était “là pour changer notre histoire”. Il a proclamé la liberté “des peuples indigènes, aymaras, quechuas, guaranis, majoritaires à 62% en Bolivie, humiliés, méprisés et condamnés à l'extinction”. Durant un discours de deux heures, Evo Morales a réaffirmé que “toutes les ressources naturelles devraient passer aux mains de l'Etat bolivien” et a proposé aux Etats-Unis une alliance contre le trafic de drogue, mais “sans condition”. “Il faut en finir avec les trafiquants de drogue et la cocaïne”, a-t-il dit. Après avoir rendu hommage à Simon Bolivar, à Che Guevara et au résistant anti-espagnol Tupak Katari, le nouveau président socialiste a rappelé qu'il y a 50 ans, “les indigènes ne pouvaient accéder aux principales places” de la cité coloniale de La Paz.