Le meeting auquel a appelé la Coordination des villages et quartiers de la commune de Tizi Ouzou au quartier les Genêts, hier, à 14h, a été réprimé par un important dispositif de CNS un quart d'heure après son début. Le premier intervenant était Khaled Guermah, père de la première victime du Printemps noir. Dans son allocution, il a beaucoup insisté sur la nécessité de poursuivre le combat jusqu'à ce que justice soit faite. “Les assassins sont en liberté et promus, alors que ceux qui ont pleuré nos martyrs sont en prison”, a déclaré Khaled Guermah, avant d'asséner : “C'est l'injustice qui règne”. “Nous refusons de nous plier, quel que soit le prix à payer !”, conclura-t-il. Mouloud Boumekla, délégué de la Coordination de la commune de Tizi Rached, rappellera les aspirations du mouvement citoyen, qui sont un prolongement des luttes de plusieurs générations. Il se posera la question : “Est-ce que, avec la répression, nous pardonnerons les assassinats, exactions, injustices, etc.” Et de répondre : “Nous dirons à ce pouvoir et ses relais : non ! Nous ne pardonnerons pas car nous ne sommes pas à un sacrifice près.” En faisant allusion aux détenus, le délégué dira qu'ils n'ont commis ni de vols ni de crimes pour qu'ils soient mis en prison. Au contraire, leur seul tort est d'avoir agi pour la citoyenneté et pour l'instauration d'une République et d'un Etat de droit. “Il n'y aura jamais de normalisation en Kabylie avant que justice soit faite”, clamera Mouloud Boumekla qui, à l'occasion, affirmera que si le rapport de la commission du Pr Issad installée par Bouteflika lui-même, n'a pas connu de suite, c'est que son contenu n'allait pas dans le sens que souhaitait le pouvoir. C'est à ce moment précis que les CNS, nombreux, ont commencé à avancer vers le lieu du rassemblement. Le dispositif, compact, a fait fuir la foule qui avait occupé la route de l'hôpital, jouxtant le quartier les Genêts. Des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc ont été tirées sur la foule qui fuyait. Les manifestants ont fini par riposter par des jets de pierres et de cocktail Molotov. Lakhdar Siad, notre confrère de La Tribune, a été touché par une capsule de gaz lacrymogène à la tête. Conduit au service des urgences du CHU de Tizi Ouzou, il s'en sortira avec cinq points de suture. Nordine Medrouk, délégué de la coordination de Béni Douala et membre de la présidence tournante, nous déclarera : “Seule la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur peut arrêter la contestation. Celle-ci se poursuivra malgré le travail des milices de Zerhouni recrutées récemment dans nos APC.” K. S.