Le “grand mufti”, qui sera investi de cette mission, ne devra pas servir d'escabeau et/ou de couverture religieuse à des projets politiques du pouvoir. L'Algérie veut codifier la pratique religieuse. Le président de la République a décidé de centraliser la prononciation des fetwas (avis religieux) via l'institution d'une structure, seule habilitée à le faire. Tant mieux ! Oui, tant mieux, pour nous, Algériens, qui avons tous entendu ces fetwas assassines, émises par de faux imams, rendant licite le meurtre d'intellectuels, de journalistes, de médecins. D'Algériens… Cette décision peut être saluée. Dans la striccte mesure où elle serait de nature à mettre le holà aux innombrables dérives de nos islamistes – intégristes qui, au nom d'une conception à la fois rétrograde et politicienne de la religion, s'en allaient “prêcher” des fetwas à l'emporte-pièce et à tout bout de champ. L'Etat étant absent, ils ont pris d'assaut les minbars de toutes les mosquées pour relayer leurs discours politiques et légitimer la mort de leurs concitoyens. Il était donc temps que l'Etat se réapproprie cette mission en la confiant à des gens de la religion aux compétences et à la probité dûment reconnues. C'est sans doute le seul moyen de couper l'herbe sous les pieds de ces “charlatans” qui ont usé et abusé de la crédulité et de la foi des croyants, au point de saigner à blanc le pays et d'expurger son élite. Il était temps aussi de fermer le bec à ceux qui s'autoproclament “muftis” pour déclarer tel mécréant et tel autre athée. Cela étant, ce Dar el-ifta' que Bouteflika va créer, ne risque-t-il pas de se transformer en antichambre de la présidence ? Le “grand mufti”, qui sera investi de cette mission, ne devra pas servir d'escabeau et/ou de couverture religieuse à des projets politiques du pouvoir. Il est, en effet, difficile de ne pas entrevoir un parallèle entre cette structure et la volonté du Président d'imposer sa concorde civile et son pendant, la concorde nationale qui bat de l'aile… Et pour cause, le pouvoir chez nous, ne fait rien pour rien. Un TANTAOUI algérien, à l'instar de celui qui s'est érigé comme tel durant les années 80, lui servirait de planche de salut pour mettre dos à dos, islamistes et démocrates. Il n'est pas exclu qu'on veuille créer une “El-Azhar” à l'algérienne ? . Bouteflika a rencontré au Caire le théologien égyptien. A sa demande… H. M.