L'association nationale des zaouïas d'Algérie appelle à la création d'une « haute institution » pour la fetwa qui serait placée, préconise-t-elle, sous la tutelle de la présidence de la République. Une telle institution s'appuierait sur le rite malékite, une des quatre écoles théologiques sunnites ayant une forte assise dans les pays du Maghreb, l'Algérie en particulier. « Le malékisme est un référent théologique très fort au sein du peuple algérien musulman », explique l'association à l'issue d'une réunion de son conseil national tenue hier à Alger. Les participants qui ont par la même occasion renouvelé leur confiance au président de l'Anza, Dr Kaddour Kouaiche, ont ajouté que la démarche est initiée dans le but de contenir l'anarchie qui prévaut dans ce domaine. « Plusieurs courants de pensée se chevauchent rendant difficile la fiabilité de la fetwa. Il est temps de recourir à une référence qui a toujours servi de socle spirituel au peuple algérien et reconnue par les Oulémas. Le rite malékite s'appuie sur les enseignements du saint Coran et de la sunna », explique l'Anza. Il faut savoir que l'association des zaouïas ne fait qu'exhumer un projet déjà débattu par les plus hautes autorités du pays, mais qui, pour des raisons non élucidées, tarde à voir le jour. Le 2 février 2003, sous Ali Benflis, un conseil de gouvernement avait examiné puis entériné un projet de décret présidentiel portant création de Dar El Ifta'. Ce projet de texte, selon le communiqué rendu public à l'issue de ce conseil, a pour objet de mettre en place un organe à caractère scientifique et religieux qui sera la référence officielle du pays en matière de fetwa. « La création d'un tel organe, qui vise à combler l'absence d'une institution officielle dans ce domaine, permettra d'unifier les fetwas à travers le territoire national. Il est prévu également que Dar El Ifta' soit dirigée par le mufti de la République », pouvait-on lire dans le communiqué. La nouvelle instance dirigeante de l'Anza, élue hier, est constituée de 35 membres dont 15 universitaires ayant un rang de docteur d'Etat. L'Anza devait rappeler les missions qui lui sont assignées, à savoir l'enseignement du Coran et de la langue arabe, l'action humanitaire et de bienfaisance et sa propension à l'universalité. Dans cette optique, la présidence de l'Anza se dit prête à doter l'association d'un nouveau règlement intérieur « qui sera à même de relever les défis d'une société aspirant au savoir et au développement ». Exprimant son refus face aux « campagnes d'évangélisation et velléités d'occidentalisation » de la jeunesse, l'Anza dénonce par ailleurs les « extrémismes de tous bords » et la profusion non contrôlée de publications religieuses. L'Anza n'omet pas de réitérer son soutien « indéfectible » à la politique de réconciliation nationale prônée par le président de la République.