Ce projet, vieux de quelque dix ans, dort toujours dans les tiroirs. Le président Bouteflika n'a pas encore tranché la question : suivre les modèles des Etats dotés d'un mufti officiel ou sauvegarder l'actuelle formule d'émission de fetwas à travers le Haut comité islamique. Oui Le ministre des Affaires religieuses, Abdellah Ghlamallah, n'arrête pas de répéter la nécessité de créer le poste de mufti de la République, soutenu par la très influente Association nationale des zaouïas d'Algérie qui a appelé à la création d'une « haute institution » pour la fetwa, placée sous la tutelle de la présidence de la République. Pour les pro-mufti de la République, les instances régionales existent déjà – les conseils de wilaya scientifiques – et il ne manque plus qu'à chapeauter les pyramides au niveau le plus haut. La création de ce poste permettrait d'unifier les fetwas à travers le pays. Selon l'Association des zaouïas, « plusieurs courants de pensée se chevauchent, rendant difficile la fiabilité de la fetwa. Il est temps de recourir à une référence qui a toujours servi de socle spirituel au peuple algérien ». Le plus important, avance-t-on, est de protéger le rite malékite des influences des autres écoles et doctrines. Non Parmi les parties les plus réservées sur ce projet, on compte le Haut conseil islamique (HCI) du professeur Bouamrane. La loi donne prérogative à cette institution d'être saisie par le chef de l'Etat pour prononcer des fetwas. La création du poste de mufti pourrait interférer avec les prérogatives du HCI. D'autres opposants à ce projet craignent que la nature même du régime républicain soit modifiée, et l'on redoute une image d'un Etat religieux, ou du moins qui serait perçu ainsi par la communauté internationale. Des sources ont déclaré au quotidien Waqt Al Djazaïr qu'il serait en outre risqué de trancher des questions polémiques, telles que la peine de mort, qui a provoqué un grand débat dans les arcanes du pouvoir. Une telle situation aurait poussé à trancher dans le vif des sujets délicats et amener certaines parties à se radicaliser.