Empêché par les services de sécurité de tenir un sit-in à la place du 1er-Mai, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) s'est contenté de l'animation d'un meeting, à la salle Harcha-Hassen à Alger, pour exprimer son indignation suite à la publication par certains journaux européens des caricatures du Prophète. Le parti islamiste n'a pas drainé une grande foule puisque les gradins étaient clairsemés, et l'assistance composée essentiellement de jeunes et de femmes. Une ambiance de stade y a régné. Des pancartes aux slogans dédiés à la gloire du dernier Messager et des drapeaux aux couleurs nationales sont arborés. Certains excités ont brûlé les drapeaux américains et danois. “Boycott” était le maître mot de la rencontre d'hier puisqu'il revenait tel un leitmotiv dans la bouche des animateurs. Même le fameux slogan du mouvement des archs “Ulac smah ulac” est ressorti à l'occasion. Tous les ténors du parti islamiste sont là : le président du parti, Boudjerra Soltani, Abderrezak Mokri, les ministres Smaïl Mimoun et Hachemi Djaâboub, etc. Le parti islamiste a reçu même un renfort extérieur en les personnes du secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, et Abdelhafidh Chibane, président de l'Association des oulémas. Prenant la parole en dernier, Boudjerra Soltani a exhorté l'assistance à ne pas avoir peur pour le Prophète qui bénéficie d'“une immunité divine” et non politique, parlementaire ou autres. “Avez-vous peur pour un homme qui a la protection divine ? Il n'y a aucune crainte à avoir pour Mohamed”, s'est-il exclamé. Se disant être un partisan “des libertés responsables et non de la démocratie débridée”, Soltani invitera la “conscience européenne” au respect des idéaux de liberté et de démocratie qu'elle prônait et à bannir le “deux poids deux mesures”. Invitation lancée aussi à l'ONU qui combat l'antisémitisme à être en accord avec ses principes. Après avoir délivré des messages à la jeunesse, aux femmes et au peuple algérien Soltani soutient que “le peuple algérien qui a perdu 1,5 million de martyrs pour l'indépendance de son pays peut en donner 20 millions d'autres pour sa religion”. Et de voir dans cette “agression contre le Prophète” une occasion pour unir les rangs des musulmans qui, à ses yeux, devraient prendre l'exemple sur l'Union européenne en se donnant une monnaie et une armée communes. La grande surprise est venue de Abdelaziz Belkhadem — un homme réputé pondéré — qui s'est montré très virulent à l'égard de l'Occident. “L'Islam leur montre que le pardon est non pas leur vertu à eux, mais celle des musulmans. Nous leur disons que notre Prophète est autrement plus cher pour nous que l'est la liberté d'expression pour eux. Nous ne sommes pas les partisans de la haine ou de la violence, mais nous n'accepterons jamais une quelconque atteinte à notre religion ou à notre Prophète”, s'est-il emporté. Pour lui, les caricatures du Prophète Mohamed ne participent pas de la “liberté d'expression”, mais sont plutôt l'expression d'“une haine contre l'Islam”. Et à Abdelaziz Belkhadem d'inviter “les gardiens du temple de la liberté et de la démocratie” — comprendre les Occidentaux — “à balayer devant leur porte”. ARAB CHIH