S'étendant sur une superficie de 540 hectares, ce massif forestier est considéré à juste titre comme le poumon de la capitale. Jeudi 9 février. Une journée printanière qui invite à tout sauf à rester cloîtré entre quatre murs. Profitant de cette clémence climatique après une période de froid glacial, beaucoup d'Algérois ont jeté leur dévolu sur la forêt de Bainem pour oublier le temps d'un après-midi le stress de la grande ville et mériter un petit repos à l'issue d'une semaine chargée d'oxyde de carbone. Situés entre les monts de Bouzaréah et la grande bleue, ces lieux étaient, durant la décennie sanglante, investis par la horde terroriste qui activait dans la capitale. Avec le retour à la normale, ce petit massif qui a connu une dégradation suite à des incendies criminels est en train de renouer avec sa vocation de lieu de détente d'autant plus que les autorités sont plus que jamais décidées à y assurer une sécurité permanente. Nous avons accompagné sur les lieux en ce jour de l'Achoura des éléments de la Gendarmerie nationale dans un contrôle de routine qui s'inscrit dans le cadre d'une série d'opérations de lutte contre la criminalité. Sur la route qui serpente le massif, des automobilistes ont choisi l'accotement pour s'offrir une méridienne avec en arrière-plan un décor aux tons nuancés. Plongé dans un profond sommeil, un homme d'une trentaine d'années n'entend même pas nos pas. Il dort comme un loir. “C'est tant mieux. Cela prouve qu'il est en toute sécurité”, dira le chef d'état-major du groupement d'Alger, le lieutenant colonel Athmani. Quelques jeunes sont interpellés pour contrôle d'identité. Les suspects sont fouillés. Plus bas des voitures sont stationnées de part et d'autre de la route. Une aire de jeux pour enfants qui ne demandent pas mieux pour dépenser un excès d'énergie. Juste à côté, un groupe de jeunes, trompette et derbouka en action, exécute des airs endiablés. Ils se défoulent comme des fous sur des rythmes bien de chez nous. Les plus âgés jouent au tennis de table ou aux cartes. Les femmes bavardent tout en ayant un œil sur les mioches. Une ambiance de repos. Les curieux ne quittent pas des yeux les gendarmes. Nous demandons si leur présence dérangeait ? “Au contraire, c'est plutôt rassurant”, répond un père de famille entouré de son épouse et d'une vieille personne. Nous marquons une pause-café dans l'unique buvette du coin. Le gérant nous sert du thé généreusement aromatisé à la menthe. Un estaminet propre. Il nous apprend qu'il gère ce commerce sous la formule “99 ans”. Autrement dit, une propriété acquise. À la question pourquoi ne fait-il pas d'effort pour améliorer les conditions d'accueil, il fera savoir que la bonne volonté ne lui manque pas. “On a plein de petits projets mais qui dépendent malheureusement du bon vouloir des autres. On n'a même pas d'électricité. En attendant que Sonelgaz pense à nous faire bénéficier de cette commodité, on est obligé d'utiliser un groupe électrogène.” Il est vrai qu'il n'a pas tort car si durant l'hiver les clients ne sont pas exigeants sur la fraîcheur des boissons gazeuses et autres limonades, en été cette demande devient une nécessité. Et ce n'est qu'un minimum. Pour un endroit pareil, l'appel aux investisseurs ne saurait être favorablement reçu que si l'Etat songeait à les encourager en prévoyant les divers réseaux (AEP, électricité, gaz, assainissement) et assurer une sécurité régulière par la présence d'un poste de police. Pour le moment les brigades de gendarmerie continuent à effectuer des rondes pour sécuriser les lieux, saluées également par les gardiens de l'INRF dans le sens qu'elle constitue un soutien pour dissuader les malfaiteurs. A. F.