Le Premier ministre britannique n'a pas réussi à rallier la France à sa position vis-à-vis de l'Irak. Le président français évoque même un possible recours au droit de veto. Tony Blair est reparti bredouille du Touquet (France), à l'issue du sommet franco-britannique. Cette rencontre de haut niveau entre Paris et Londres n'a fait que confirmer la différence d'approche sur l'Irak des deux capitales, qui campent sur leurs positions initiales. La France maintient qu'“il faut laisser les inspecteurs poursuivre leur travail” même si elle est d'accord pour le désarmement de l'Irak. “Cette action doit être menée au sein du Conseil de sécurité de l'ONU”, insiste le chef de l'Etat français dans ses déclarations à l'issue de sa rencontre avec Blair. Jacques Chirac avance la possibilité de recourir au droit de veto, dont dispose son pays, sans plus de précisions. “Le moment venu et compte tenu des circonstances” a-t-il dit, il décidera si la France utilisera son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU sur l'Irak. Côté britannique, c'est le statu quo. Jack Staw, le secrétaire d'Etat au Foreign office, affiche de plus en plus son scepticisme quant à la possibilité de résoudre pacifiquement la crise irakienne. “J'ai espéré et prié que cette crise pourrait être résolue par une coopération de l'Irak avec les inspecteurs en armement. Mais à mesure que les jours passent sans une réponse irakienne aux questions en suspens des inspecteurs, la perspective d'une issue pacifique diminue”, a déclaré le chef de la diplomatie britannique. Il a qualifié de “futiles” les appels du président français à donner plus de temps aux inspecteurs aussi longtemps que Saddam refuse de coopérer. Pendant ce temps, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision anglaise Channel 4, le maître de Bagdad nie en bloc les allégations américano-britanniques sur l'armement de son pays et sur d'éventuels liens avec la nébuleuse Al-Qaïda. “Si nous avions une relation avec Al-Qaïda et que nous croyions en cette relation, nous n'aurions aucune honte à l'admettre”, a affirmé le président irakien. Il a, notamment, insisté sur le fait que l'Irak ne possède pas d'armes de destruction massive, accusant par la même occasion les Etats-Unis et la Grande-Bretagne d'opter pour la guerre afin de contrôler le pétrole au Moyen-Orient. Concernant les armes de destruction massive, Saddam dira : “Ces armes ne se présentent pas sous la forme de petites pilules que l'on peut cacher dans sa poche. Ce sont des armes de destruction massive et il est facile de voir si l'Irak en a ou pas.” Sur le terrain, les techniciens de l'ONU ont découvert mardi dernier une nouvelle ogive chimique vide dans un dépôt de munitions au nord de Bagdad, qui vient s'ajouter aux onze précédentes ogives du même type trouvées le 16 janvier dernier à Ukhaïder. Les Irakiens affirment que ces ogives ne font pas partie des armes prohibées. K. A. LE NORD DU KOWEIT “Zone militaire fermée” le 15 février Le ministère de la Défense koweïtien a annoncé mardi dernier que toute la région nord de l'Emirat, qui fait face à l'Irak, serait considérée comme “zone militaire fermée” à partir du 15 février. “Toutes les régions situées dans le nord du Koweït seront déclarées zones militaires fermées à partir du 15 février”, a déclaré le colonel Youssef Abdel Razek Al-Moulla, directeur des relations publiques dans l'armée koweitienne, cité par l'agence officielle Kuna. “Aucune personne (..) ne sera autorisée à pénétrer dans ces régions après cette date sans une autorisation préalable octroyée par les renseignements et la sécurité de l'armée koweitienne”, a ajouté le colonel Moulla, indiquant que cette décision avait été adoptée mardi par le ministre de la Défense, cheikh Jaber Al-Moubarak Al-Sabah. Cette annonce a été faite alors que les Etats-Unis, qui disposent de quelque 35 000 militaires américains dans l'Emirat, menacent de frapper l'Irak, qu'ils accusent de détenir ou produire des armes de destruction massive. La zone “s'étendra de la région frontalière d'Al-Salmi à l'Ouest (…) vers l'Est jusqu'aux eaux territoriales et au sud de l'île Faïlaka”, a précisé le colonel Moulla. Réunion “spécial Irak” de l'OTAN Le secrétaire général de l'otan, M. George Robertson, envisage de convoquer une réunion spéciale des ambassadeurs de l'Alliance atlantique sur l'Irak après l'intervention hier du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, devant le Conseil de sécurité de l'onu, ont indiqué mardi dernier des sources diplomatiques. Par ailleurs, le Luxembourg, un des quatre pays qui s'opposaient à ce que l'otan examine des demandes américaines de soutien en cas de conflit armé contre l'Irak, a levé ses objections, ont indiqué ces sources. La France, l'Allemagne, la Belgique et le Luxembourg bloquent depuis deux semaines l'examen formel de ces demandes, malgré les pressions exercées par Washington.