Cinq mois après la charte sur la réconciliation nationale, Aït Ahmed croit dur comme fer que ce texte n'a rien réglé. Selon lui “(…) l'image largement véhiculée dans le monde d'une Algérie enfin pacifiée, normalisée et réconciliée avec elle-même par une charte mort-née” ne reflète guère la réalité du pays telle que révélée par la maladie du président Abdelaziz Bouteflika. Dans un message écrit, adressé, avant-hier, aux membres du conseil national de son parti, le Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, n'hésite pas à qualifier de “gravissime” la crise que traverse l'Algérie. “Je dis bien gravissime”, écrit-il, “non pas à cause de la certitude des gardiens du temple qui veilleront à garder la maîtrise du pouvoir et le statu quo (…), mais en raison surtout de l'impasse créée par la maladie du chef de l'Etat (…)”. Cette impasse, selon lui, “ne ressemble pas aux autres crises de succession (….) tant elle montre, écrit-il encore, la déliquescence des rouages sur lesquels repose l'organisation du système” qu'il qualifie de “Léviathan, ce monstre auquel on continue à délivrer le label d'Etat”. Les festivités organisées pour le retour à Alger de “Si Abdelaziz Bouteflika” constituent la preuve supplémentaire pour “illustrer la décomposition sociologique en profondeur des institutions”, affirme encore le chef historique de la Révolution. “En effet, et je parle sous votre contrôle (les membres du conseil national, ndlr), dans de nombreuses villes de l'intérieur du pays, c'est à de véritables barons du trafic d'armes de la contrebande, de la drogue et de la prostitution que l'organisation de la mobilisation citoyenne a été confiée”, révèle Hocine Aït Ahmed. “Que faire en l'absence d'un Etat digne de ce nom ?” se demande alors le chef du FFS avant de proposer la démarche à suivre pour y parvenir. “Il faut d'abord et avant tout rechercher dans l'histoire de la Révolution les causes de cette faillite institutionnelle, et cela sans mensonges et sans règlements de comptes”, dit-il. “Comment sortir de la déchirure historique qui a conduit à la dérive de la Révolution ? Par quels voies et moyens ?” s'interroge encore le président du FFS. Et de répondre : “Une méthodologie cohérente ne peut résulter que du débat public.” C'est par le “dialogue ouvert qui, par l'échange, est générateur d'Etat”, souligne-t-il. Rafik Benkaci