Déterminée à donner un nouvel essor à sa politique de promotion de la démocratie et des réformes économiques dans le monde, la secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères entend utiliser au mieux les 20 milliards de dollars de l'aide destinée à l'étranger. C'est une refonte totale des structures gérant l'aide américaine aux pays étrangers dans le besoin qui a été décidée par Condoleezza Rice. L'objectif est de renforcer la coopération entre l'Usaid, l'Agence américaine pour le développement international, et le département d'Etat, afin de gérer au mieux la distribution de ces fonds. Après avoir envisagé, dans un premier temps, la dissolution pure et simple de l'Usaid, la secrétaire d'Etat américain s'est ravisée en optant pour un changement de directeur à la tête de cette agence. Mme Rice a désigné Randall Tobias, le directeur sortant du programme de lutte de l'administration Bush contre le VIH-sida, à la direction de l'Usaid, avec le statut de secrétaire d'Etat adjoint. Il aura pour mission de diriger le bureau d'aide à l'étranger du département d'Etat. “Notre aide étrangère doit aider les populations à obtenir des résultats. Les ressources que nous donnons doivent permettre aux pays en développement de renforcer leur sécurité, consolider la démocratie, accroître le commerce et les investissements et améliorer les conditions de vie de leur population”, a souligné Condoleezza Rice, tout en insistant sur le fait que “l'aide étrangère américaine doit promouvoir la souveraineté responsable et non pas une dépendance permanente de la part des bénéficiaires”. Jusque-là, cette assistance était coordonnée par une multitude d'agences gouvernementales en plus du département d'Etat et de l'Usaid. Cette situation rendait particulièrement difficile une évaluation objective de l'efficacité de l'aide, selon la première responsable de la diplomatie américaine. Ainsi, l'agence Usaid ne sera pas dissoute, mais devra coopérer étroitement avec les responsables des affaires étrangères pour justifier les débours américains à l'étranger. Deux autres volets ont été mis en place dans cette réorganisation. Il s'agit, en premier lieu, d'un repositionnement des diplomates américains à l'étranger. Ces derniers seront maintenant déployés en priorité dans des pays émergeants comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie et l'Afrique du Sud. Le nombre de postes diplomatiques en Europe, par exemple, sera réduit. À l'avenir, les diplomates américains ne pourront plus accéder désormais aux fonctions de haute responsabilité tant qu'ils n'auront pas été en mission dans des postes dangereux ou difficiles et qu'ils ne maîtriseront pas au moins deux langues étrangères, de préférence, le chinois, l'arabe ou l'ourdou, par exemple. Il ne fait aucun doute que l'Administration Bush entend soumettre les pays qui profitent de son aide à des conditions strictes obéissant aux règles qu'elle aura fixées dans le cadre de sa politique de promotion de la démocratie, des droits de l'Homme et des réformes économiques. K. ABDELKAMEL