Résumé : La matrone du hammam propose à la bohème de mendier et de lui remettre l'intégralité de la recette journalière, moyennant le gîte et le couvert. La bohème réfléchit rapidement. Après tout dans cette bicoque, au moins elle est à l'abri des agressions. tant pis pour plus tard. Une fois délivrée, elle avisera. Elle hoche la tête consentante. - D'accord. D'accord. Je ne vais pas garder de pourcentage. - Chose conclue alors. Et si quelqu'un te demande qu'es-ce tu fais chez moi ? Tu leur diras que tu es la cousine du bled, venue chercher du travail. - D'accord, je suis la cousine du bled. - Gare à toi si tu te laisses aller à des confidences. Les femmes aiment jacasser et la patronne finira par apprendre la réalité, ce sera ma fin. - Non, je ne tiens pas à raconter ma vie. - Parfait. Tu n'as d'ailleurs pas intérêt. La matronne se rassoit et se met à éplucher des oignons. Quelques heures plus tard, Ali revint du hammam et, comme prévu, égorgea une vieille poule et prépara des grillades. Il dînèrent en silence, puis passèrent le reste de la soirée à palabrer et à plaisanter. La bohème se sentit plus ou moins en sécurité. Elle s'endormit épuisée par sa longue journée, et ne se réveilla qu'avec les premières lueurs du jour. Houria était déjà debout et aidait Ali à couper du bois dans la cour. La bohème s'étire, paresse encore un moment sur son matelas, puis se lève et arpente la pièce, une main sur ses reins. Encore ce dos qui lui fait mal. Houria revint dans la pièce dépose quelques bûches sur le sol. - Ah ! tu es réveillée. Je vois que tu es matinale. C'est une bonne chose pour toi. Viens prendre un café, puis après, au travail, moi je vais rejoindre mon hammam, et toi, eh bien ! tu t'installeras à l'entrée sur un carton, et n'oublie surtout pas de prendre un air triste et misérable, les gens seront plus sensible à ton état. La bohème hoche la tête avant de répondre : - Je suis réellement une misérable ; je n'ai rien, ni personne, à part ma pauvre mère, âgée et handicapée, et toujours alitée. - Une raison supplémentaire d'accepter ton sort, et de passer à l'action au plus vite. Ali va t'aider à t'installer. A ce moment précis, l'homme vint s'asseoir auprès d'elle et se sert un café. - Tu vois, la journée s'annonce printanière. La pluie est passée, et tu auras plus de chance de gagner de l'argent. Les gens aiment sortir quand il fait beau, et prennent le temps de flaner. Y. H. (À suivre)