Résumé : Prise de douleurs, la bohème demande à Houria de la conduire à l'hôpital. Cette dernière refuse et propose de l'assister. La bohème accouchera d'un adorable petit garçon. Emue, la bohème prendra son fils dans ses bras et oubliera ses souffrances. Elle lui caresse le visage un moment et scrute ses traits réguliers. - Tu peux l'allaiter tout de suite, cela te fera du bien et à lui aussi. La bohème s'empare de son sein gorgé de lait et se met à allaiter ce petit bout d'homme à peine conscient de son existence. - Je vais charger Ali de te préparer un bouillon et en attendant repose-toi, tu en as besoin pour reprendre des forces. Moi, j'ai ma journée au hammam, ce soir je reviendrai m'occuper du petit. Il faut le masser et lui étirer les membres. Tu ne sauras rien faire de tel. La bohème sourit : - Il paraît si fragile. - Oui, il l'est et nous sommes tous passés par ce stade. Ne t'inquiète donc pas, je suis là ! Houria s'en va en refermant soigneusement la porte derrière elle. Bien plus tard, reposée et rassasiée, la bohème put se lever et faire quelques pas. Elle change le petit, et met un peu d'ordre dans la pièce. Se sentant bien plus légère et mieux dans sa peau, elle se met à chantonner. Houria revint en fin de journée et constate que tout allait bien. Elle emmaillote le bébé puis vint s'asseoir auprès de la bohème et lui caresse les cheveux, avant de lancer : - La patronne du hammam va rentrer dans quelques jours. Je ne pourrai donc pas te garder bien longtemps. La bohème sentit son cœur bondir dans sa poitrine. - Que vais-je devenir ? murmure-t-elle. Où vais-je partir ? Houria sourit : - J'ai encore une fois pensé à tout. Ne t'inquiète donc pas. - Ah ! et qu'as–tu décidé pour moi ? - Eh bien, je t'ai déniché un mari ? - Un… mari ? La bohème garde le silence un moment. - Tu veux rire Houria ? - Non, pas du tout. Je parle sérieusement. Tu sais bien que si j'ai consenti à t'héberger, c'est parce que tu étais dans une phase assez délicate. Maintenant que ton bébé est là, je ne pourrais te garder plus longtemps. - Je suis toujours ta cousine du bled. - Non, tu ne pourras plus l'être pour longtemps. Je ne pourrai pas subvenir à tes besoins ni à ceux de ton bébé. - Mais je vais travailler. Je vais faire des ménages, mendier, danser dans des fêtes, faire des courses. je suis encore très jeune. - Oui, mais tu ne pourras pas rester chez moi. Désolée, j'ai fait ce que j'ai pu, mais au fait, tu pourras trouver mieux que cette bicoque. Tu vas te marier et avoir un vrai foyer, pardi ! - Qui voudrait d'une mendiante comme moi, avec un enfant sur les bras ? - Ali ! Y. H. (À suivre)