Le Premier ministre sahraoui a déclaré hier que la date du 5e round des négociations de Manhasset n'est pas encore fixée. Les pourparlers avec le Maroc ne reprendront que si Van Walsum, envoyé spécial du SG de l'ONU pour le Sahara occidental, conserve sa fonction. Une certaine ambivalence a empreint l'impression générale dégagée du premier jour des festivités de célébration du 35e anniversaire du déclenchement de la lutte armée du Sahara occidental contre la colonisation espagnole. Si la poursuite des négociations avec le Maroc telle que cadrée par le Conseil de sécurité des Nations unies dans ses résolutions 1754 et 1783 adoptées en 2007, est fortement défendue, l'option du retour vers les armes gagne sensiblement du terrain. Les jeunes, investis dans les études pour porter la future République sahraouie ou enrôlés dans l'armée, ne jurent que par la guerre, seul moyen, selon eux, d'arracher l'indépendance. Ils nous donnent pour exemple l'expérience algérienne incarnée par la guerre de Libération nationale. Il n'en demeure pas moins que les dirigeants sahraouis privilégient la solution de sortie du conflit, adoptée par l'ONU, c'est-à-dire mettre le Sahara occidental et le Maroc autour d'une table de négociations et les inciter à parvenir à un terrain d'entente pour le règlement de la crise. Bien que ce qui convient d'appeler le processus de Manhasset (référence à la ville près de New York où se rencontrent les deux parties) semble quelque peu compromis par la persistance du Maroc à ne pas concéder une once de son plan d'autonomie, qui suggère simplement et purement l'annexion du Sahara occidental au royaume. Les récentes déclarations de Peter Van Walsum, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, sur le caractère irréaliste de la revendication inhérente au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, ont complètement rompu le principe d'impartialité conféré à son rôle d'intermédiaire entre les deux parties en conflit. Il a aussi détérioré les conditions des négociations, qui n'arrivaient déjà pas à trouver une vitesse de croisière. Le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar a, d'ailleurs, déclaré juste avant le lancement du programme commémoratif du 35e anniversaire du Front Polisario par une parade militaire et civile, que la date du 5e round des négociations de Manhasset n'est pas encore fixée. Il a insinué que ces pourparlers ne reprendront pas avant le remplacement de Peter Van Walsum. Le cas échéant, cela deviendra une exigence officielle de l'Etat sahraoui. Revenant à l'événement du jour, le Premier ministre de la Rasd a insisté sur l'organisation de la fête d'anniversaire de la date du 20 mai 1973 sur le territoire libéré, “malgré les menaces des Marocains de torpiller toute action du Front Polisario à Tifariti”. Il a estimé que c'est “une preuve qu'ils ne peuvent rien faire et qu'ils n'ont qu'à se rendre à l'évidence et accepter le processus de l'autodétermination”. Pour mieux marquer l'instauration d'un Etat sahraoui par le sceau de l'irréversibilité, le 2e congrès du Front Polisario, en décembre 2007, a adopté des résolutions en faveur de la reconstruction et du repeuplement des territoires libérés. Des infrastructures et des services de base sont en construction à Tifariti, grâce au financement de plusieurs pays ayant reconnu officiellement l'existence de la République arabe sahraouie démocratique, à l'instar de l'Algérie et de l'Afrique du Sud. Nous y reviendrons avec plus de détails. Tifariti (Sahara occidental) De notre envoyée spéciale : Souhila Hammadi