S'exhiber aux alentours du lycée avec une cigarette entre les doigts semble être en vogue dans les établissements de la Kabylie. Si les enseignants soutiennent avoir tout essayé pour en dissuader leurs élèves, les parents rejettent la responsabilité sur la famille éducative et craignent que la cigarette n'ouvre la voie vers le pire : la drogue et toutes ses fâcheuses conséquences. Une petite virée dans les établissements scolaires, particulièrement du palier secondaire, nous renseignera à propos de l'étendue du ravage que fait le tabac en ce milieu vulnérable. En effet, il n'est un secret pour personne, pas spécialement à Maâtkas, mais à travers toute la Kabylie, que le tabagisme gagne inéluctablement du terrain chez les mineurs, qu'ils soient scolarisés ou pas. Si pour certains élèves c'est plutôt en catimini qu'ils préfèrent prendre leurs sèches, pour d'autres, en revanche, ils arborent leurs “blondes” ou “brunes” fièrement et avec un certain snobisme, tout juste à la sortie d'établissement, quelquefois même en cours de récréation. Il ne s'agit nullement ici d'accabler le personnel de l'éducation, surtout avec leurs efforts continus dans le cadre de la prévention menés à l'endroit de leurs élèves en classe. Le fléau est tellement dévastateur qu'il a fini par quasiment toucher une importante partie de cette frange juvénile qui cède vite à la tentation au grand bonheur des vendeurs de cigarettes implantés à même les devantures de certains établissements. Aujourd'hui, ni le travail incessant des enseignants relatif à la prévention, voire même à la répression, ni encore celui des parents n'ont pu, hélas, juguler ce phénomène de société dramatique chez notre jeunesse. “Faire adulte”, “faire signe de virilité”… sont, entre autres, ces drôles de raisons qui incitent nos adolescents à tenter quelques bouffées pour se retrouver ensuite tout bonnement dépendant. Pis, même le tabac à chiquer n'a pas épargné nos mineurs qui ont fait la leur cette triste citation : “Choum, adhimeth oumchoum !” (chiques et tu oublies tes soucis). En somme, cette vogue qui frappe de plein fouet la composante juvénile ne pourrait être endiguée si tous les efforts ne sont pas conjugués. Les parents, les éducateurs, le mouvement associatif, les médias et les pouvoirs publics doivent tous s'y mettre pour épargner à cette jeunesse un mal de plus. MERZOUK OUZIANE