Face à l'expectative de l'Occident devant l'imminence d'un gouvernement palestinien aux couleurs du Hamas, Israël entreprend une campagne de charme en Europe dont les dirigeants viennent de décider de ne pas couper leurs aides aux Palestiniens, donc de ne pas mettre de bâtons dans les roues de Haniyeh, tête de liste des élus de Hamas, en consultation pour la formation de son équipe gouvernementale. La ministre israélienne des Affaires étrangères a pris son bâton de pèlerin pour une tournée européenne. Mme Livni est aujourd'hui à Vienne et à Paris avant de se rendre, demain, à Londres. Mme Livni, qui a admis des divergences avec l'Europe, espère renforcer la coordination avec l'UE en faisant valoir sa thèse selon laquelle Hamas reste une organisation terroriste malgré sa victoire par voie démocratique aux législatives palestiniennes du 25 janvier. Les Européens, qui disent attendre la formation du gouvernement palestinien et la diffusion de son programme, ont fait un geste, hier, pour maintenir à flot l'autorité palestinienne menacée d'effondrement financier, tout en se défendant de cautionner le Hamas ou de préjuger de l'avenir de l'aide européenne. Bruxelles a annoncé le déblocage de 120 millions d'euros pour venir en aide aux Palestiniens et appelé les autres pays donateurs à faire également un effort pour soutenir Mahmoud Abbas dans ses efforts pour amener à la raison Hamas. L'UE est le principal bailleur de fonds de l'autorité palestinienne. Fin janvier, elle avait informé le Hamas, qui figure sur sa liste des organisations terroristes, qu'elle ne poursuivrait son soutien financier que s'il renonçait à la violence et acceptait de négocier avec Israël sur la base des accords conclus. L'autorité palestinienne fait face actuellement à une crise financière aiguë, aggravée par la décision israélienne de cesser de lui verser les droits de douanes et de TVA qui lui sont dus, soit quelque 50 millions de dollars par mois. Cet argent, qui assure en temps normal 30% du budget de l'autorité palestinienne, est actuellement versé dans un compte séquestre. La décision du gouvernement israélien a été critiquée par l'Europe, car il s'agit de sommes dues et non d'une aide. Par ailleurs, Israël maintient fermé le terminal des marchandises de Karni, à la frontière avec Gaza. Sur le terrain, Israël poursuit sa traque contre les palestiniens présumés terroristes. D. Bouatta