Alors que la violence fait rage en Irak, une guerre civile dans ce pays inquiète au plus haut point les Américains qui craignent que le conflit entre chiites et sunnites s'étende aux autres Etats du Proche-Orient. Pas de répit dans les attentats au lendemain d'une journée particulièrement meurtrière à Bagdad. Hier matin, deux nouveaux attentats ont secoué Bagdad. 26 Irakiens ont été tués et 70 blessés, selon des sources de sécurité. 23 personnes ont péri dans l'explosion d'une voiture piégée dans le quartier mixte de Bagdad al Jadida et trois par une bombe placée dans un marché aux puces. Cette vague d'attaques a eu lieu malgré le déploiement de chars pour maintenir un calme précaire après les heurts confessionnels, provoqués par le dynamitage, le 22 février, du mausolée chiite à Samarra, qui ont tué 379 personnes et réveillé le spectre de la guerre civile en Irak. Devant cette situation, les experts des services du renseignement américain ne cachent pas leurs inquiétudes quant à des développements plus graves. “C'est une possibilité”, a affirmé, mardi dernier, le chef des services de renseignement américains, John Negroponte, lors d'une audition devant la commission des Forces armées du Sénat, à propos de l'éventualité d'un conflit régional si une guerre civile éclatait en Irak. Le spectre de la guerre civile a été réveillé la semaine dernière par le dynamitage du mausolée chiite de Samarra, un des hauts lieux de l'islam chiite, et le déchaînement de violences communautaires qui a suivi. Une guerre civile “aurait des implications sur le reste du Proche-Orient et sur le monde”, a affirmé M. Negroponte, qui était ambassadeur américain en Irak jusqu'au début de l'an dernier. “On pourrait voir un conflit exploser entre les mondes sunnite et chiite, par exemple. Nous avons des indications que l'Iran a déjà des liens assez étroits avec des éléments extrémistes chiites en Irak”, a-t-il également estimé. Selon lui, une guerre civile supposerait “une perte complète de contrôle par le gouvernement central en matière de sécurité”, une “désintégration ou une détérioration des forces de sécurité du pays” et une “interruption du processus politique”, “ce qui n'est pas le cas pour le moment”, a-t-il précisé. En revanche, le président américain George W. Bush a dit, mardi, ne pas croire que l'Irak aille au-devant de la guerre civile, même s'il reconnaît la gravité de la situation. “Je ne souscris pas à votre idée de départ selon laquelle il va y avoir une guerre civile”, a-t-il déclaré à la chaîne ABC. “Il ne fait pas de doute que l'auteur de l'attentat à la bombe contre la mosquée (le mausolée de Samarra) essaie de susciter la violence confessionnelle, et il ne fait pas de doute qu'il y a eu une réaction”, a ajouté le patron de la Maison-Blanche. Quant au maintien sur place des troupes américaines, quel que soit le degré des violences, M. Bush a catégoriquement répondu : “Les troupes américaines resteront (...) jusqu'à ce que les Irakiens puissent se défendre eux-mêmes. (...) Ma politique n'a pas changé.” K. ABDELKAMEL/Agences