L'arrangement ouvre la voie à un accord avec le Club de Paris. Après de rudes négociations, Alger et Moscou ont convenu vendredi d'un effacement de la dette militaire algérienne s'élevant à 4,7 milliards de dollars US en contrepartie d'achats massifs d'avions russes. La question est de savoir quel est le nouveau poids de la dette extérieure algérienne après cet effacement. Les sources officielles laissent entendre que cette dette militaire est incluse dans la dette extérieure globale. Le montant effacé représente 29% de la dette globale, selon les mêmes sources. Dans ce cas, la dette extérieure globale de l'Algérie s'élèverait aujourd'hui à environ 10-11 milliards de dollars (son stock était récemment de 15 milliards de dollars US). Des sources bancaires sûres attestent le contraire. Cette dette militaire ne fait pas partie de la dette extérieure globale. Elle a été toujours considérée, en un mot, comme hors dette. Si l'on suit ces dernières sources, la dette extérieure globale avec cet effacement reste aux environs de 15 milliards de dollars. C'est donc le grand flou qu'entretiennent les autorités sur une question qui concerne avant tout le contribuable. Quelles sont les conséquences de cet accord ? Il n'y a plus aucune raison qui empêche l'Algérie de rembourser une bonne partie de sa dette extérieure par anticipation, a ajouté sur ce point une source proche du Club de Paris. La Russie avait posé le préalable, rappelons-le, du règlement de la dette militaire pour accorder son feu vert à la demande algérienne d'un remboursement anticipé de la dette introduite auprès du Club de Paris. La décision étant prise par consensus dans cette enceinte, l'accord entre Alger et Moscou ouvre donc la voie à une réduction significative de la dette extérieure algérienne à travers ce type d'allégement. Il s'agit d'un gros paquet ; quelque 9 à 10 milliards de dollars pourraient être remboursés par anticipation aux créanciers concernés membres du Club de Paris. L'Algérie avait remboursé par anticipation plusieurs milliards de dollars de crédits multilatéraux accordés, notamment par la Banque africaine de développement ainsi que des prêts consentis par l'Arabie Saoudite. Il reste le gros à engager avec les pays membres du Club de Paris. Quant à savoir si l'accord a été bien négocié côté algérien, il convient d'observer que sur la question du taux de change du rouble par rapport au dollar US, sur lequel butaient les négociations, Moscou a eu gain de cause puisque cette dette à l'évidence n'a pas été calculée sur le cours actuel : 10 000 roubles pour un dollar, mais suivant le taux historique, c'est-à-dire un rouble fort par rapport au dollar, d'où une dette militaire assez lourde évaluée à 4,7 milliards de dollars. En revanche, Alger a arraché une concession : ne pas payer deux fois, c'est-à-dire et la dette et les nouveaux équipements militaires russes. Faire en des termes triviaux ses grosses emplettes auprès des fournisseurs russes a été donc la contrepartie à un effacement accordé par Moscou de la dette militaire algérienne. Cette grosse épine dans les relations entre les deux pays extirpée, l'Algérie voit sa dette globale réduite. Elle peut de surcroît entrevoir la possibilité d'une coopération étroite avec la Russie, ne serait-ce que dans le domaine stratégique de l'énergie. N. Ryad