Les relations algéro-russes pourront-elles redevenir aussi denses qu'au temps de l'ère socialiste ? Cela semble être, en tout cas, le souhait de la partie russe. Le ministre russe des Finances, Alexiey Koubrine, envoyé spécial du président de la Fédération de Russie s'est, en effet, déclaré samedi à Alger pour une « coopération étroite » entre l'Algérie et la Russie. « Je suis persuadé que dans un avenir très proche, nous parviendrons à renforcer nos relations et à mettre en place une coopération très étroite dans l'intérêt de nos deux pays », a-t-il affirmé dans une déclaration reprise par l'APS. Le président Bouteflika avait déjà, lors de sa visite au Kremlin en avril 2001, entamé les démarches nécessaires pour donner un second souffle aux relations bilatérales. Mais pour parvenir à une entente totale entre Moscou et Alger, faudrait-il d'abord régler la question de la dette algérienne. L'on pourrait s'attendre, d'après certaines sources, à un effacement total des créances estimées à quelque 4 milliards de dollars (représentant 25% du volume global de la dette extérieure de l'Algérie) en contrepartie des avantages qu'obtiendrait la Russie dans le partenariat avec l'Algérie via des accords en faveur des entreprises russes. Le sujet est épineux, il aurait fait l'objet d'âpres discussions entre les membres de la commission mixte de préparation de la visite du président russe en Algérie. « Les entreprises russes attendent du concret », avait souligné l'ambassadeur russe, Vladimir Titorenko, devant les journalistes, résumant ainsi les attentes de Moscou. Le volume des échanges commerciaux a atteint en 2004 près de 350 millions de dollars. De nombreuses entreprises russes, dans le secteur des hydrocarbures notamment, sont présentes en Algérie. D'autres projets sont en cours de réalisation, à l'exemple de l'usine de fabrication de fibre optique en partenariat avec Algérie Télécom, la construction d'un tronçon de l'autoroute Est-Ouest ainsi que la modernisation des chemins de fer. Il y a quelques semaines, l'ambassadeur de Russie indiquait que la visite à Alger de M. Poutine devrait donner une autre dimension à la coopération entre les deux pays. Pour fêter les retrouvailles, pas moins de 14 contrats devraient être signés par les deux chefs d'Etat, ce qui induirait, d'après M. Titorenko, des milliards de dollars à gagner pour l'Algérie et la Russie. Il y aura ainsi des accords sur la suppression de la double imposition, le transport aérien et maritime, la protection des investissements et la libre circulation des capitaux. Mais le contrat le plus attendu est certainement celui de l'armement. Traditionnelle cliente de la Russie dans ce secteur, l'Algérie entend renouveler sa gamme d'équipement militaire. Une source du ministère de la Défense, citée par l'agence russe Inferfax, a estimé à 500 millions de dollars les contrats qui pourraient être signés lors de la visite du président russe en sus de l'achat d'avions MIG-29 déjà partiellement négocié pour un montant de 1,5 milliard de dollars. « Jusqu'à présent, l'Algérie représentait 3% des exportations russes d'armement », soutient la même source. Mais d'après le quotidien russe Kommersant, la rencontre entre Poutine et Bouteflika risque de prendre une autre tournure. Citant des responsables de la délégation militaire algérienne ayant pris part au Salon international de l'armement IDEX 2005, l'Algérie aurait décidé de ne plus acquérir de nouveaux armements russes jusqu'à ce que le Kremlin efface la dette algérienne, alignant ainsi Algérie et Syrie.