Les présidents algerien et russe ont, hier soir, finalement signé un accord portant sur le remboursement de la dette russe et l'acquisition d'équipements militaires par l'ANP pour un montant de 3,5 milliards de dollars. Les deux parties semblent satisfaites de cet accord finalisé après de très longues négociations. L'Algérie et la Russie sont finalement parvenues, hier, à un accord sur la dette algérienne et la vente d'armes, lors d'une courte visite à Alger du président russe, Vladimir Poutine, contrariant les pronostics qui pariaient sur un probable échec du voyage du patron du Kremlin, après son report surprise. La visite de M. Poutine, initialement prévue à partir de jeudi, a été en effet reportée et écourtée de 24 heures, sans aucune explication officielle. Moscou a effacé, hier, la dette de l'Algérie vis-à-vis de la Russie, estimée à 4,7 milliards de dollars, selon un document signé à Alger. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue algérien, Mohamed Bedjaoui, ont signé un accord sur le règlement de cette dette contractée par l'Algérie dans les années 1960 et 1970. Le montant de la dette effacée par la Russie représente environ 25% de la dette totale extérieure algérienne, qui se montait à 16 milliards de dollars au début de l'année. Les deux pays ont également signé des contrats de livraison d'avions de combat, pour un montant de 3,5 milliards de dollars, a annoncé le directeur général du constructeur aéronautique MIG Alexeï Fedorov, dans une déclaration à la télévision russe Rossia. Tout porte à croire que ces accords ont été le fruit d'âpres négociations ayant abouti à un compromis. Si à Alger rien n'a filtré sur les raisons du report de la visite de Vladimir Poutine, à Moscou, la presse locale a révélé, jeudi dernier, que Alger et Moscou étaient en négociations difficiles sur des ventes d'armes russes à l'Algérie, en échange d'un effacement de la dette algérienne, et leurs divergences ont fait abréger la visite du président russe. Moscou comptait sur la conclusion de 4 milliards de dollars de ventes en échange d'un effacement de la dette, mais des “complications” ont reporté la signature de plusieurs contrats, selon un journal russe pour qui ce report explique la visite éclair de M. Poutine. Autre fait accréditant cette thèse selon laquelle les négociations algéro-russes butaient sur le problème de la dette, dont la résolution constituait l'un des principaux points de cette visite : le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, est rentré bredouille à Moscou après un entretien de près de deux heures à Alger avec le président Abdelaziz Bouteflika, le jour même de la visite du président portugais en Algérie, à en croire la presse moscovite. Le responsable russe n'avait pas réussi à obtenir la signature de documents prouvant l'engagement des Algériens à acheter des armements russes. Cette nouvelle a provoqué “l'irritation à Moscou” et la décision d'abréger la visite de M. Poutine “de deux jours à six heures”, selon la presse russe. Même si la visite à Alger du président russe n'a pas encore livré tous ses secrets, il est fort à parier que ce sont les engagements antérieurs de l'Algérie avec d'autres ténors de l'industrie de l'armement, comme les Etats-unis et la France notamment, mais aussi le rapprochement significatif enregistré ces dernières années entre Alger et l'OTAN qui ont empêché que la Russie obtienne un statut de partenaire privilégié de l'Algérie, comme elle l'était de l'ancienne union soviétique. Lors de la visite de M. Poutine, Alger devait conclure l'achat de 16 avions d'entraînement et de combat Yak-130, d'un montant non précisé, et de 36 avions de chasse MIG-29, assorti d'une option d'achat sur 20 autres appareils, selon des responsables russes cités par des agences de presse. De son côté, le président du consortium MIG, Alexeï Fedorov, a précisé à l'agence Itar-Tass que ces contrats portaient sur les trois derniers mois et que les premiers avions de chasse MIG-29 SMT seraient livrés cette année à l'Algérie, dont l'armement est à 85% soviétique ou russe. Sergueï Tchemezov, le patron de la société d'armement Rosoboronexport, a, lui, affirmé que “des contrats d'un montant de 7,5 milliards de dollars ont été conclus ces trois derniers mois pour tous les types d'armement”, selon Itar-Tass qui assure que ces contrats ne concernent que l'Algérie. Rafik Benkaci