Soixante pour cent du lait consommé annuellement en Algérie nous viennent de l'étranger. Sur une consommation de 4 milliards de litres de lait par an, seulement 1,600 milliard de litres sont produits localement. Les 2,400 milliards de litres restants sont donc importés sous forme de poudre. Ces chiffres ont été avancés, hier, par le vice-président du Forum des chefs d'entreprise, M. Réda Hamiani, qui était l'invité de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Ce dernier a également révélé que sur les 3,5 milliards de dollars versés chaque année pour l'achat de produits agroalimentaires, 600 millions de dollars sont destinés à l'approvisionnement en lait et 1 milliard de dollars aux céréales. L'ancien ministre des PME/PMI a, en outre, mis en exergue la grande consommation de lait par les familles, précisant que l'Algérien absorbe 120 litres de lait annuellement, c'est-à-dire plus que la norme de l'OMS qui est de 90 litres par an. “Les Algériens privilégient l'achat du lait et du pain. Cette surconsommation sert en fait à compenser le manque de viande, de poisson, de fruits. Elle cache l'appauvrissement du pouvoir d'achat”, a-t-il indiqué. M. Hamiani a rappelé, plus loin, que les Algériens sont aussi de grands acheteurs de dérivés du lait, notamment le fromage et les yaourts, dont la consommation annuelle est respectivement de 20 000 tonnes et de 12 000 tonnes. Pour l'ex-ministre, le spectre de la dépendance est encore présent à ce niveau, malgré la production locale à 100% du fromage fondu et des yaourts, prise en charge par plusieurs entreprises, dont les firmes Vache qui rit et Danone qui détiennent, chacune, 30 à 40% du marché national. Autrement dit, les 14 000 tonnes de fromage importées chaque année concernent les autres types de fromage, tels que le camembert, le gruyère et le fromage rouge. De l'avis de l'invité de l'UGCAA, le secteur de l'agroalimentaire, particulièrement celui touchant la production des yaourts, de la margarine, de la semoule, de la farine, des pâtes et du couscous, connaît actuellement “une surcapacité”, par manque d'information des producteurs. Dans le cadre de la concurrence, Réda Hamiani a prédit “une guerre des prix” tirée vers le bas, qui affectera en premier lieu les petites entreprises, menacées de disparition. Que faire alors ? “Les entreprises n'ont pas la même taille. Si elles fabriquent le même produit que Danone, les bénéfices seront évidemment différents”, a-t-il soutenu en suggérant aux petites et moyennes entreprises d'“innover”, en produisant, par exemple, de nouveaux produits allégés pour les diabétiques et les régimes. Pour ce qui est de la problématique de dépendance au niveau de ce secteur, il a estimé qu'elle n'est pas une fatalité. La solution se résume, selon lui, à deux formules : soit l'augmentation des mini-laiteries, dont le nombre s'élève aujourd'hui à 110, y compris les 90 mini-laiteries créées grâce au programme national de développement agricole (PNDA), soit l'achat de vaches comme nos voisins tunisiens qui ont mis fin aux importations de lait, en réunissant toutes les conditions nécessaires. H. Ameyar