Devant les dépassements israéliens et la situation de blocage, de nombreux dirigeants du Fatah ont sollicité Mahmoud Abbas pour dissoudre l'Autorité palestinienne et transférer à nouveau la responsabilité des territoires à l'Etat hébreu. Devenue sans pouvoir effectif au vu des violations quotidiennes par Israël des dispositions prévues par le quartette international, l'Autorité palestinienne n'a plus de raison d'exister, estiment plusieurs membres influents du parti Fatah, que préside Mahmoud Abbas. Il ne fait aucun doute que l'on soit arrivé à un stade de désespoir de voir un jour la Palestine redevenir un Etat indépendant. C'est au cours de la réunion jeudi soir du comité central de ce mouvement, qu'il a été suggéré au président de l'Autorité palestinienne de démissionner, de dissoudre l'Autorité palestinienne et de transférer à Israël la responsabilité des territoires occupés par l'Etat hébreu. Le patron du Fatah n'a pas rendu de réponse immédiatement, mais a promis d'étudier sérieusement ces propositions. Les auteurs de cette triple initiative estiment que les mesures unilatérales prises par Israël ces derniers mois, et en dernier lieu le raid contre la prison de Jéricho cette semaine, ont fait de l'Autorité palestinienne une administration dépourvue de tout pouvoir sur le terrain. Concernant la démission de Mahmoud Abbas, l'un de ses conseillers, Taïeb Abdel-Rahim, s'est publiquement interrogé : “Pourquoi devrions-nous accepter que le président Abbas, que le monde affirme soutenir, prenne coup après coup ?” En attendant sa réponse, le chef de l'Autorité palestinienne, accusé par des Palestiniens, en particulier le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), d'être le “premier responsable” de la capture par Israël des six activistes détenus pour l'assassinat d'un ministre israélien en 2001, ne cache plus son ras-le-bol. Déjà limité dans son champ de manœuvre par l'entrée en force du Hamas au Parlement, contraint d'écourter précipitamment une importante tournée en Europe après l'opération de l'armée israélienne mardi dernier contre la prison de Jéricho, Mahmoud Abbas ne sait plus sur quel pied danser, surtout que ses soutiens occidentaux semblent l'avoir totalement lâché. L'entêtement du Hamas à ne pas reconnaître, comme l'exige le Fatah, les accords signés avec Israël et la déclaration d'indépendance de l'OLP de 1988 stipulant le principe de deux Etats, palestinien et israélien, côte à côte, ne fait que rajouter à son impuissance et à son isolement sur les scènes interne et mondiale. En effet, coincé entre un Parlement où le Fatah est minoritaire et un cabinet duquel il sera absent, Mahmoud Abbas a peu de chances d'être dorénavant considéré comme un interlocuteur valable par le gouvernement israélien qui sortira des urnes après les élections législatives du 28 mars, estiment les analystes israéliens. K. ABDELKAMEL