À quelques jours de la présentation du premier rapport de Christopher Ross, le conflit du Sahara revient au-devant de la scène avec cette manifestation devant le “mur de la honte” que le Maroc considère comme une provocation en se plaignant au Conseil de sécurité des Nations unies. Deux jeunes Sahraouis ont été blessés vendredi dans l'explosion d'une mine anti-personnel près du mur marocain de séparation au Sahara occidental lors d'une manifestation dénonçant “le mur de la honte”, à laquelle ont participé 3 000 personnes, dont 2 000 étrangers. Une explosion s'est produite au moment où des jeunes Sahraouis ont tenté d'enlever le grillage entourant le mur occasionnant des blessures à deux d'entre eux. Au cours de la manifestation à laquelle a appelé l'Union nationale des femmes sahraouies (UNFS), les participants ont dénoncé la construction de ce mur long de 1 700 km ceinturé par des mines antipersonnel tout au long du rempart. Ils ont appelé à la destruction du mur et scandé des slogans pour permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination. “Sept millions de mines antipersonnel sont implantées tout au long de ce mur”, a affirmé un responsable de l'organisation Landmine Action qui s'occupe du déminage. Réagissant à cette manifestation, le ministère marocain de l'Intérieur a accusé, dans un communiqué, le Front Polisario d'avoir commis des “actes provocateurs irresponsables” dans un secteur du Sahara occidental qu'il qualifie de “zone militaire interdite” et saisi le Conseil de sécurité de l'ONU. Selon cette source marocaine, “quelque 1 400 personnes — dont des étrangers, armés et encadrés par le Polisario, munis d'armes individuelles et de détecteurs de mines —, sont entrées dans la zone interdite près de Mahbès, en violation flagrante des accords militaires conclus sous les auspices des Nations unies”. Pour information, la localité de Mahbès est située à l'est du mur de défense que le Maroc avait construit au Sahara occidental dans les années 1980 pour mettre fin aux attaques du Front Polisario, qui la qualifie de “zone libérée”. Ce fut ensuite au tour du ministre marocain des Affaires étrangères Taieb Fassi Fihri de porter l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU en adressant une lettre à son président dans laquelle il dénonce une “violation flagrante, grave et supplémentaire du cessez-le-feu établi depuis 1991”. Le chef de la diplomatie marocaine estime que “le Front Polisario montre une fois de plus son intransigeance en recourant à des actes graves et inadmissibles, qui rentrent dans le cadre de l'escalade qu'il cherche vainement à imposer depuis qu'il a constaté l'accueil favorable réservé par la communauté internationale à l'initiative marocaine d'autonomie pour le Sahara”. Il souligne que le Maroc “ne se laissera pas intimider par de tels agissements, et défendra par tous les moyens qu'il jugera appropriés son intégrité territoriale”. Il ne ratera bien sûr pas l'occasion d'impliquer l'Algérie en ajoutant : “Le Maroc attire l'attention de la communauté internationale sur la gravité de tels actes, les véritables intentions de ceux qui y ont recours” ainsi que sur “la responsabilité de l'Algérie qui permet leur perpétration.” Par ailleurs, le Maroc lance une offensive diplomatique d'envergure à l'approche des réunions du Conseil de sécurité de l'ONU sur le conflit du Sahara occidental. Celle-ci a débuté par la visite effectuée jeudi par Taib Fassi-Fihri, qui a remis à Hillary Clinton une lettre de Mohammed VI à Barack Obama. D'autres émissaires du souverain alaouite, dont les chefs de partis politiques, ont été également chargés de la même mission, dans l'espoir de convaincre la communauté internationale, et particulièrement les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, de la justesse des thèses marocaines. Merzak Tigrine