La récente visite du roi du Maroc dans les territoires occupés du Sahara Occidental et son discours provocateur continuent à susciter la réaction des autorités de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Après la sortie récente du gouvernement sahraoui, qui a averti de l'“annonce officielle d'une escalade dangereuse” à la veille de la prochaine réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, la Présidence sahraouie s'est, à son tour, exprimée sur les dessous de la visite royale, en prenant à témoin la communauté internationale. Lahcène Hritani, conseiller de Mohamed Abdelaziz, président de la RASD et secrétaire général du Front Polisario, a déclaré, hier, à l'agence officielle algérienne APS que le déplacement du souverain marocain n'est autre qu'un “show médiatique (autour) d'une visite dans une colonie occupée par la force (…), pour faire croire que le Maroc apporte de nouvelles idées et veut résoudre le conflit” au Sahara Occidental. Le responsable sahraoui est revenu sur le projet d'autonomie, brandi actuellement par Mohammed VI et présenté comme “seule solution”. “Pourquoi alors s'obstine-t-il à rejeter le Plan Baker qui prévoit une période d'autonomie de 4 à 5 ans, suivie d'un référendum d'autodétermination ?”, s'est interrogé M. Hritani. Le plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental, élaboré par l'ex-chef de la diplomatie américaine James Baker, en sa qualité de représentant personnel du secrétaire général des Nations unies, a été adopté à l'unanimité, en juillet 2003, par le Conseil de sécurité. À travers sa résolution 1495, le Conseil avait instruit qu'il s'agissait d'une “solution politique optimale” au conflit maroco-sahraoui. Un conflit dont les racines plongent jusqu'au XIXe siècle avec la colonisation de l'Espagne, en passant par la promesse de cette puissance administrante d'organiser le référendum d'autodétermination pendant l'année 1975. Le Plan Baker, inspiré des propositions marocaines, a été accepté par le Front Polisario, mais rejeté par les autorités de Rabat qui sont malheureusement revenues sur leurs engagements internationaux. Comme a eu à l'exprimer l'ancien diplomate américain pendant l'été 2003, Rabat “a peur d'un référendum”. Pour la Présidence sahraouie, le Plan Baker “représente actuellement le seul consensus international sur le règlement du conflit”, c'est-à-dire une raison suffisante pour appeler l'ONU à “appliquer ses propres décisions”. Sur le chapitre de la décision, prise avant-hier par le roi marocain, de libérer 216 prisonniers sahraouis, M. Hritani a affirmé que celle-ci est le résultat de “la pression internationale intense”. “Un grand nombre des 216 prisonniers sahraouis libérés a été arrêté lors de la répression de l'“Intifadha” déclenchée dans les territoires occupés du Sahara occidental, en mai dernier”, a-t-il expliqué en rappelant les dénonciations fondées des associations internationales des droits de l'Homme après ces arrestations et leurs revendications autour de la libération des détenus. Le conseiller sahraoui a, par ailleurs, dénoncé l'exploitation illégale, par Rabat, des ressources naturelles des territoires occupés. Il a néanmoins annoncé plus loin la signature, par la RASD, de contrats de prospections pétrolières avec neuf compagnies britanniques. “Les contrats ont été déjà signés à Londres et seront ratifiés prochainement dans les territoires libérés du Sahara Occidental”, a-t-il dit à l'APS, en précisant que ces sociétés se sont engagées à verser une somme annuelle en contrepartie de la promesse de traitement préférentiel après l'indépendance du Sahara Occidental. “Nous sommes confiants (…) car le contexte international nous est favorable”, a déclaré Lahcène Hritani, en se référant entre autres à la multiplication des reconnaissances de l'Etat sahraoui, ces deux dernières années, notamment celle de l'Afrique du Sud en septembre 2004. H. Ameyar